samedi 30 avril 2011

Comme dans un livre

Ne serait-ce pas un cardiologue qu'il me faudrait consulter ?
A la manière d'un oracle, il saurait lire 
dans mon coeur 
avant de le refermer. 
Et je pourrais enfin cesser de me questionner. 
LOUP
Expression utilisée pour alerter d'une erreur dans l'exécution d'un document, manque important de texte (diminutif de loupé ou texte croqué par le loup ?...).
L'éloge des cent papiers

vendredi 29 avril 2011

Le cabinet des rêves 16

Je suis chez moi, à la fenêtre, en pantalon et soutien-gorge. 
Patrick Poivre d'Arvor vient me faire remarquer l'indécence de ma tenue : tout le monde qui passe peut me voir ainsi. 
Je lui réponds que c'est sa présence qui peut créer une émeute, pas ma tenue. 
Et, en effet, juste après son départ se forme une file de personnes qui parlent de lui, espèrent le voir et ne m'accordent aucun regard. 

Rêve du 3 février 2009

CONCUVI
Cette règle interdit pour des raisons de décence les césures produisant une syllabe de type con, cul et vit. 
L'éloge des cent papiers

jeudi 28 avril 2011

Assis par terre dans le salon, nous regardions les livres. 

Tu vois, je sais exactement pourquoi j'ai ramené celui-là de Tokyo. C'est très précisément pour la photo d'une tranche de pain de mie. Juste une tranche de pain de mie grillée, déposée dans une assiette blanche. C'est courageux, je trouve, comme photo. Courageux et beau. 

En lui parlant, je tournais les pages. 
Après avoir vérifié plusieurs fois, il m'a pourtant bien fallu bien l'admettre : 
il n'y aucune photo de pain de mie, dans ce livre. 
PAPIER DU JAPON
Ce papier blanc ou légèrement jaune, soyeux, satiné, nacré, était produit jadis au Japon avec l'écorce du mûrier et servait aux impressions de luxe, désigne aussi le papier fabriqué en Europe à l'imitation du papier du Japon.
L'éloge des cent papiers

mercredi 27 avril 2011

Précis de topographie 60


La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.

J'ai, sur l'avant-bras droit, très près du coude, une petite géographie. 

Une plaie qui, en cicatrisant, a dessiné sur ma peau la cartographie d'une île sans nom, aux contours un peu flous.
Aux temps de sa formation, alors qu'une épaisse croûte en simulait les dénivelés, Mizuaki l'avait désignée, m'avait demandé si j'en souffrais.
Et ses mots, 
dans ma langue,
prenaient si bien
soin de moi.

J'avais expliqué, mimé la scène :

le tunnel près de la gare de mon quartier, 
le passage étroit, 
le vélo, 
le mur, 
le passant,
 le déséquilibre,
 l'éraflure.
Même si j'avais omis les larmes qui m'étaient montées aux yeux, il avait fait la grimace.

Le temps passe, la cicatrice s'estompe mais, toujours au creux du bras, en moi, il restera un peu d'Otsuka.


CORPS
Hauteur totale des caractères d'une police, hampes et jambages compris, comptant également un petit blanc en haut et en bas afin que les lignes de texte ne se touchent pas.
L'éloge des cent papiers

mardi 26 avril 2011

Tuesday self portrait (à l'italienne)

À L'ITALIENNE*>P.22
Format de page en largeur : on parle également de format
paysage.


À L'ITALIENNE, MON REGARD CHERCHE L'HORIZON
J'ÉCARTE LES BRAS
JUSQU'Où PUIS-JE EMBRASSER ?


JE VOUDRAIS QUE LES MOTS ELARGISSENT
LES FRONTIÈRES
DE NOS BAISERS


EMBRASSER    TOUJOURS  PLUS   LOIN
LAISSER   RESPIRER   LES GENS  ET LES PAYS
A LA MESURE  DE    LEURS    RÊVES


À L'ITALIENNE
LAISSER LE CORPS PRENDRE SA PLACE
ET LA LANGUE DE MA MÈRE 
TENDREMENT S'ALLONGER
SUR LE PAYSAGE 
COURBES COLLINES ET ARRONDI DU COU DES SEINS
UNE LANGUE COMME UNE FEMME AU REPOS
SILENCIEUSE ET SOURIANTE


À L'ITALIENNE LE DÉSIR
ET MA MAIN QUI CARESSE LA PAGE
LE FORMAT ME CONVIENT
LE VIDE POSSIBLE AUTOUR DE CHAQUE MOT
POUR QUE TOUTE LA VIBRATION SE DONNE


JE LIS À L'ITALIENNE
QUEL QUE SOIT LE FORMAT
LE TEMPS S'ÉTIRE
PAR LES MOTS DES AUTRES
JE REGARDE LE MONDE 
ET J'ÉCHAPPE AUX LIMITES DE MON CORPS DE LA MAISON DE LA RUE DE LA VILLE


JE SUIS AU LARGE 
L'ESPACE DE LA FEUILLE NE ME SUFFIT PLUS 
LES MOTS M'ONT EMBARQUÉE            LOIN
J'ÉCRIS À L'ITALIENNE
IL Y FAUT UN DÉSERT INFINI
ET DES VAGUES VENUES DE NULLE PART
POUR QU'AU CREUX DE MA POITRINE 
TOUT SE REJOIGNE
ENFIN
AU LARGE          INFINIMENT          AU LARGE


JE VIS À L'ITALIENNE


Jeanne Benameur in L'éloge des cent papiers

lundi 25 avril 2011

lovelovelove

AMOUR
Il y a de l'amour quand la feuille de papier reçoit bien l'encre, est en bonne harmonie avec elle.

dimanche 24 avril 2011

Les années (1994)

Elle consacre trois mois de sa vie à lire 
À la recherche du temps perdu

"La nourriture occupe une place privilégiée dans les écrits de Proust, elle y est souvent décrite avec amour et mangée avec plaisir. Pour ne citer que quelques uns des plats que Proust fait miroiter à ses lecteurs, mentionnons un soufflé au fromage, une salade de haricots verts, une truite aux amandes, un rouget grillé, une bouillabaisse, une raie au beurre noir, un ragoût de boeuf, une pièce d'agneau sauce béarnaise, un boeuf Strogonoff, une coupe de compote de pêches, une mousse aux framboises, une madeleine, une tarte aux abricots, une tarte aux pommes, un cake au raisins, une crème au chocolat et un soufflé au chocolat. 

La contraste entre ce que nous mangeons d'habitude et la nourriture appétissante dont se délectent les personnages peut nous donner envie d'essayer de déguster ces mets proustiens de façon plus directe. Dans ce cas, il serait tentant de se procurer un exemplaire d'un livre de cuisine aux illustrations tape-à-l'oeil intitulé La Cuisine retrouvée
Il est supposé permettre à un cuisinier moyen de rendre un hommage extraordinaire au grand romancier, et peut-être d'atteindre à une meilleure compréhension de l'art de Proust. Il permettrait par exemple à un fervent proustien de réaliser exactement le genre de crème au chocolat que Françoise servait au narrateur et à sa famille, à Combray. 
Mais une fois que la recette a donné un délicieux dessert, on peut se demander, entre deux cuillerées de la crème au chocolat de Françoise, si ce mets, et par extension toute La Cuisine retrouvée, constitue réellement un hommage à Proust, et si elle ne risque pas de nous encourager à commettre le péché contre lequel, justement, il mettait en garde ses lecteurs, c'est à dire l'idolâtrie artistique. Bien que Proust eût peut-être accueilli favorablement le principe d'un livre de cuisine basé sur son oeuvre, la question est de savoir quelle forme il aurait souhaité lui voir prendre. Accepter son raisonnement sur l'idolâtrie artistique reviendrait à reconnaître que les mets particuliers qui figurent dans le roman n'étaient qu'anecdotiques comparés à l'esprit dans lequel la nourriture était considérée, esprit transférable qui ne devait rien à la crème au chocolat exacte que Françoise avait préparée, ou à la bouillabaisse particulière servie à la table de Mme Verdurin -et pourrait s'appliquer tout autant à un bol de muesli, un curry ou une paella. 

Le danger est que La Cuisine retrouvée finisse par nous causer une tristesse injustifiée le jour où nous ne trouvons pas les bons ingrédients pour une crème au chocolat ou une salade de haricots proustiennes, et sommes forcés de manger un hamburger, dont Proust n'a jamais parlé. 
Ce qui bien entendu n'était pas dans les intentions de Proust : la beauté d'un tableau ne dépend pas des choses qui y sont représentées." 
Alain de Botton. Comment Proust peut changer votre vie

samedi 23 avril 2011

Life on Mars

Une demi-heure ferroviaire
Le vent qu'on dirait venu de la mer
La langue nullement familière
... Je suis étrangère

Au détour d'une rue soudain une manifestation un paisible cortège de protestation pas de slogans pas de forces de police pas de cris mais une banderole déployée des personnes âgées graves ou résignées D'un mouvement de la tête je refuse le tract qu'on me tend et que je ne saurais lire Ici comme ailleurs j'imagine que la retraite est un problème une préoccupation
PUIS
je comprends qu'ils ne sont pas graves pas résignés mais recueillis Ils sont plusieurs à porter des croix et c'est Pâques

vendredi 22 avril 2011

Le cabinet des rêves 15

Un mur est en train d'être construit, dans la cour. Et cela suscite beaucoup de critiques. A ma stupéfaction, les grands panneaux publicitaires apposés sur le portail, eux, ne semblent choquer que moi. 
Au moment de me garer, je me demande si nous avons un emplacement attitré. Cela ne semble pas être le cas alors je choisis une place de laquelle je pourrai sortir facilement. 
C'est sur le parking que J. vient présenter son livre. Je ne l'écoute pas vraiment. Non seulement parce que je suis surprise qu'il choisisse de s'exprimer de manière aussi informelle, entre les voitures. Mais aussi, et surtout, parce que je ne le reconnais pas du tout : plutôt que rasés comme avant, ses cheveux sont longs, blancs et coiffés vers l'arrière et il ne porte plus de lunettes. 

Rêve du 17 avril 2011

jeudi 21 avril 2011

Le nom des gens

De Gérard, j'aimais la douceur. 
Pas celle de sa peau -couverte de latex, je ne savais pas en juger- mais celle de ses gestes, précis, délicats. 
Ses mains me réduisaient au silence mais j'aimais aussi ses monologues.
Remercie-t-on jamais assez ceux qui nous redonnent le sourire ? 

Un jour, on avait dit de lui que, portant un nom allemand, il n'était pas étonnant qu'il ait choisi ce métier-là. 
On est toujours le nazi de quelqu'un. 
Sa réponse flegmatique était celle d'un homme rompu à l'exercice d'une profession massivement détestée.

dentistes
 huissiers de justice
traders
guichetiers à la poste
garagistes
policiers
videurs
...
Sur les coiffeurs aussi, on entend souvent des horreurs. 

mercredi 20 avril 2011

Précis de topographie 59

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.

"Pour moi, mon lecteur est une personne curieuse, avide de connaître le monde, même si personnellement elle n'a pas l'occasion de voyager. (...)
J'ai de très bons lecteurs, souvent très émouvants. Par exemple, j'ai reçu une lettre de Ruda Slaska signée par une jeune fille désespérée. Le garçon dont elle était tombée amoureuse lui avait demandé, à leur premier rendez-vous, si elle avait lu Kapuscinski. Et elle avait répondu que non seulement elle ne l'avait pas lu, mais qu'en plus elle ne connaissait même pas son nom. Là-dessus, il avait rompu en lui disant que, vu son niveau, il ne pouvait partager avec elle aucune conversation."
Ryszard Kapuscinski. Autoportrait d'un reporter.  



Le matin, c'est le soleil en terrasse qui dicte mon voyage
bref
,
 invariable.

Dans mon sac, les auteurs sont Polonais.
Qu'est-ce que je sais de la Pologne ?
Il suffirait d'un train ou d'un long car de nuit. D'un peu de logistique.
Et pourtant, sans doute n'en saurai-je jamais davantage que ce que m'en disent ceux qui en viennent. Ces personnes souvent sérieuses dont j'aime d'autant plus les sourires qu'ils ont des allures de
capitulation. 
C'est bien moi, ça
 : 
toujours immobile
, je laisse le monde aller et venir autour de moi
, je laisse le monde venir à moi
, j'écoute les voix
, j'écoute les mots
.
Et c'est ce que je préfère au monde
,
ce que je préfère du monde.


Le matin, c'est le soleil en terrasse qui dicte mon voyage
bref
,
 invariable

qui m'emmène où nous vivions, cet hiver-là. 
Deux ans après, place du jeu de balles, je tente de mesurer le chemin parcouru. 


"Quand il s'agit de la Pologne, la phrase énorme de Proust est inacceptable. N'en ayant pas les moyens, la langue polonaise exigerait des "ktory, ktora" ("que" en polonais) sans fin. Mais Boy, dans sa traduction, alla plus loin encore. II fit paraître ces volumes avec une impression bien plus lisible avec les alinéas, avec des dialogues pas en fouillis dans le texte mais menés de ligne en ligne. Le nombre de volumes dans sa traduction est double. "J'ai sacrifié le précieux pour l'essentiel" affirmait Boy. Le résultat immédiat fut que Proust se lisait si facilement dès sa parution en polonais qu'on aimait à raconter une blague à Varsovie, qu'il faudrait retraduire Proust en français d'après la traduction polonaise et que c'est alors seulement qu'il deviendrait un écrivain enfin populaire en France."
Joseph Czapski. Proust contre la déchéance. Conférences au camp de Griazowietz

mardi 19 avril 2011

Tuesday self portrait (trouver les mots)

"Soudain me vient une idée saugrenue : s'il y avait, sur le petit appareil photo numérique qu'une amie m'a offert, un retardateur ? A l'exception d'une espèce de machin en plastique qui s'appelait, je crois, Babyflash, quand j'avais une quinzaine d'années, en Afrique, je n'ai jamais possédé d'appareil, ni eu envie de prendre des photos. Cela m'empêcherait de voir, me semble-t-il : c'est-à-dire de trouver les mots pour dire ce que j'ai devant moi. Il faut trouver les mots pour dire ce que j'ai devant moi. Il faut trouver les mots, dit quelque part Walter  Benjamin, pour dégager l'image du vécu trop aveuglant. Chercher les mots, les trouver (quelquefois), c'est du boulot. J'ai toujours cru (peut-être à tort) que prendre des photos me détournerait de cette recherche difficile. Que les photos viendraient perturber le commerce entre mots et choses, faire écran entre eux. C'est dire comme je suis néophyte."
Olivier Rolin. Bakou, derniers jours

lundi 18 avril 2011

La communauté (imaginée)

Ce sont des rendez-vous et parfois non :
des rencontres irrégulières et imprévues.
Et quand on se voit :
 tous les trois jours, 
tous les trois mois 
et parfois ça se compte en années... 
Plus que :
 Comment ça va ?
plus que : 
Quoi de neuf ?
on se demande : 
Qu'est-ce que tu lis ?

dimanche 17 avril 2011

Les années (1985)

Que le toi varie importe peu : 
c'est qu'elle soit capable de parler au futur 
qu'il faut retenir de cette année-là. 

samedi 16 avril 2011

Charge d'un animal furieux

"Elle peut être évitée beaucoup plus facilement qu'on ne le croit en réalité. La manière dont les toreros espagnols jouent avec le taureau est bien connue. Quelqu'un qui garde son calme, peut éviter un animal qui charge tête baissée, en sautant de côté et d'autre du buisson. Peu d'animaux vont revenir à la charge, si la première n'a pas eu de succès. Seul le bison est une exception, il a pour habitude de poursuivre l'homme et il est particulièrement dangereux."

Francis Galton. Petit Manuel de survie. 

vendredi 15 avril 2011

Le cabinet des rêves

Je suis chez ma mère où beaucoup de monde est présent. 
Une fuite de la salle de bain fait couler de l'eau sur les murs. 
Je pars acheter des serpillères mais, à la place, j'achète un tapis en sisal. 
Quand je rentre, la fuite a été identifiée : elle venait des toilettes. 

Rêve du 6 avril 2011

jeudi 14 avril 2011

Au roi des Belges

-Tiens, je n'avais jamais remarqué :      ils font des oeufs coque-pain, ici !
-Ah oui ? ça doit être joli !

mercredi 13 avril 2011

Précis de topographie 58


La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.

Les pavés
polis ou luisants
Les ciels
changeants
Les façades
bavardes

Chaque jour comme au premier
sur la grand place emmerveillée.

mardi 12 avril 2011

Tuesday self portrait (saturday self portrait)

"Une vie, rien qu'une vie, ce serait justement un bricolage ou une fabrique tantôt lents, tantôt contraints à des choix violents et rapides, une sorte de marelle qui, ajoutant les côtés aux côtés, les surfaces aux surfaces, finirait, entre figures imposées et figures libres, par former un tracé reconnaissable et unique."
Jean-Christophe Bailly. Tuiles détachées

lundi 11 avril 2011

La faculté de solitude

"... moi j'aime être seule, faut pas m'faire chier. Autant je vais pouvoir être bavarde avec des amis autant j'en ai rien à foutre de la vie des gens. C'est pour ça, j'ai besoin d'un travail où j'suis seule. 
A un moment, j'prenais un sandwich et j'allais au marché. Il y avait du monde mais c'est pas pareil tu vois. Sinon, c'est dans la salle des profs, t'imagines, tout le monde est là et tout..."
Plein air, j'ai répondu à l'homme, tout en regardant les volailles mortes de son stand. 
Sous le mélange du soleil et du vent coulis, j'avais une délicieuse chair de poule pendant que je mangeais mes oeufs. Sur la salade de lentilles, les jaunes ressemblaient à des boules de glace au citron.
Ensuite, j'ai fermé les yeux, couchée sur l'herbe, exposée aux conversations environnantes. 

dimanche 10 avril 2011

Les années (2002)

On
lui
dit
"blonde, 
vous semblez moins 
méchante"

samedi 9 avril 2011

mon amour



Te souviens-tu de nos samedi ?
de soleil
de pluie...
 Dans ma main
ta main

et
, dans l'autre
, quelques auteurs... 

vendredi 8 avril 2011

Le cabinet des rêves 14

Les parents de G. viennent à Bruxelles avec la voiture de l'enfance de G. dont elle m'a souvent parlé. Il s'agit d'une 504 break dont l'arrière est séparé des sièges avant par une vitre. 
Elle m'a fréquemment raconté les départs en vacances avec ses parents et ses deux soeurs. Elle aimait quand celles-ci dormaient parce que ça lui permettait d'être seule et de laisser son esprit vagabonder. 
En fait, seule sa mère vient et je sais que je vais monter en voiture avec elle mais, comme dans une situation de covoiturage, deux autres personnes attendent en même temps que moi : deux femmes voilées. 
Je monte à l'arrière et ma tête touche presque le plafond. 
Je pense à l'enfance de G. : elle devait trouver cette voiture immense alors que je n'imagine pas comment trois personnes tiendraient à l'arrière. 
Les femmes voilées ont disparu, le père de G. est apparu et nous ne sommes finalement pas à Bruxelles mais dans la campagne japonaise où tous les cerisiers sont à la fin de leur floraison. Nous déplorons ensemble qu'ils aient manqué le moment de la pleine éclosion. 
La mère de G. me dit : En revanche, si vous voulez visiter l'Auvergne, c'est ici qu'il faut le faire : il y a un stand de présentation très bien fait.
Plus tard, nous faisons une pause et, pendant que je me lave les mains, je l'entends dire qu'ils vont continuer sans moi parce que je préfère certainement rester seule. 

Rêve du 6 avril 2011

jeudi 7 avril 2011

Rêves secrets d'un prince et d'une princesse

La chaleur, le soleil, les rendez-vous de fin de journée, la nonchalante oisiveté... Tout était prétexte, ce samedi-là, aux terrasses bondées, gaies, bruissantes.
Seuls
, nous étions entrés et, à l'intérieur, il faisait aussi sombre qu'un jour de pluie en Islande mais, comme en pleine chaleur à la Havane, les ventilateurs maintenaient la température de sa bière et rafraîchissaient mollement mon thé vert. 
Ensemble
, nous avions partagé une cigarette. 
Ce jour-là, la ritournelle de Michel Legrand  n'aurait pas détonné dans les hauts parleurs du

mercredi 6 avril 2011

Précis de topographie 57

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.

Au hasard de la programmation de mon Ipod, soudain je ne suis plus à Bruxelles. 
Mais de retour d'Ikebukuro à la nuit tombée ou sur les bords de l'Edogawa un soir de lampions, ou dévalant à vélo la Waseda dori ou entre deux sommeils, entre deux stations de la Yamanote. 
Ou devant le rainbow bridge illuminé un soir de juin 
à Odaiba. 

mardi 5 avril 2011

Tuesday self portrait (en petite forme)

"L'impatience est folle, on le sait. Elle croit possible la télétransportation, elle prétend que ce n'est qu'une question de temps, qu'à trois générations d'ici nous n'aurons qu'à songer à un ailleurs précis pour disparaître dans un éclair bleu. 
Elle compte les heures et les jours. Si j'avais en vue quelque réjouissance (ou simplement un truc spécial à faire, pas spécialement enthousiasmant mais pas débilitant non plus), je comptais pour rien le temps qui m'en séparait, ne lui accordais pas même un regard, une minute d'attention. C'était un temps de second choix, de la qualité ordinaire, je n'allais pas m'abaisser à ça. 
Mis en veilleuse comme une bouilloire ou un écran mais sans réaliser, hélas, la moindre économie d'énergie, je dressais un voile gris entre moi et le monde sur quoi tout rebondissait, l'attente, considérais sans me troubler des jours et des heures nuls, sacrifiés, pis-aller. Je savais que c'était un péché, qu'une âme forte et élevée devait voir chaque seconde comme une adorable, une inestimable chance qui ne revenait jamais. J'ai attendu que cela passe, cela étant, des mois entiers. Quelle forme dessinaient ces pics d'intensité que je reliais entre eux comme points numérotés dans un désert d'insignifiance ?"
Didier da Silva/François Matton. Une petite forme

lundi 4 avril 2011

La vie, c'est le temps qu'il fait, les repas. Des déjeuners sur une nappe à carreaux bleus où quelqu'un a renversé du sel. Une odeur de tabac. Du brie, des pommes jaunes, des couteaux à manche de bois.*

*James Salter. Un bonheur parfait
Dans le sèche-linge, je voyais mes jeans cabrioler aussi gaiement que des écureuils une veille de jour férié. 
A leur droite, des draps à fleurs se soulevaient avec effort, tournaient sans conviction. 

Nos vies, par les hublots. 

dimanche 3 avril 2011

Les années (1973)

C'est une scène dont elle ne se souvient pas, 
une scène qui remonte à une période 
avant l'avènement de sa mémoire.

En grandissant, elle a pensé de cette époque-là qu'elle ne l'avait pas vraiment vécue puisqu'elle ne pouvait pas s'en souvenir.

C'est une scène dont elle ne se souvient pas, 
une scène qui remonte à une période 
avant l'avènement de sa mémoire.

Plus tard encore, elle a réalisé à quel point, pour elle, vie et mémoire étaient liées.

C'est une scène dont elle ne se souvient pas, 
une scène qui remonte à une période 
avant l'avènement de sa mémoire.

Encore maintenant, elle se demande à quoi ça ressemble : vivre sans se rappeler.


C'est une scène dont elle ne se souvient pas, 
une scène qui remonte à une période 
avant l'avènement de sa mémoire.

Sans parler d'alzheimer. 

C'est une scène dont elle ne se souvient pas, 
une scène qui remonte à une période 
avant l'avènement de sa mémoire.

Même si, parfois, elle se dit que c'est peut-être plus facile. 

C'est une scène dont elle ne se souvient pas, 
une scène qui remonte à une période 
avant l'avènement de sa mémoire.
Une scène qu'on lui a rapportée : 

Dans la pente qui menait au garage, 
sa soeur aînée l'avait poussée, 
elle était tombée,
s'était évanouie. 


vendredi 1 avril 2011

Le cabinet des rêves 13

Je devais aller chez V. mais, finalement, je ne peux pas m'y rendre.
Ma mère, qui a entendu ma conversation téléphonique et sait que V. avait cuisiné des congolais, m'en apporte sur une grille, pour me consoler de ne pas pouvoir manger ceux de V.
J'en mange un avec elle. Ensuite seulement, je lui dis que je n'aime pas ça.
Elle a mis des oursons gélifiés à l'intérieur et je lui fais remarquer qu'ils ne sont peut-être pas indispensables mais elle me dit qu'elle aime ça, elle.

Rêve du 26 mars 2009