vendredi 31 août 2012

Le cabinet des rêves 86

La nuit j'ai rêvé de pâtes fraîches et d'escalopes de poulet crues qu'on mangeait en banquet à la gare d'Austerlitz. Il y avait un journaliste et les faux témoins avaient faim. 
Chloé Delaume. J'habite dans la télévision.
La fille du patron de Renault, qui s'appelle Camille, est dans ma classe. Nous sommes au lycée. 
Comme nous habitons dans le même quartier, nous rentrons ensemble, en parlant. 
Elle m'interroge à propos de mon amoureux.
Je lui dis que nous nous voyons de moins en moins à cause de son travail qui est vraiment très prenant. 
Camille me demande s'il a une secrétaire. Elle semble sous-entendre qu'elle pourrait le devenir s'il en avait besoin mais comme je lui dis qu'il est bilingue en anglais, elle constate qu' elle ne lui serait d'aucune utilité. 
Alors que nous sommes arrivées, un garçon s'approche de nous.
Camille le connaît et me dit discrètement qu'elle va le draguer.
Mais c'est à moi qu'il s'adresse. 
Il me répète trois fois que j'ai donné mon numéro de téléphone en cours mais que j'ai écrit le 3 "comme un légume", que c'est ridicule, que ça ne se fait pas et il insiste pour que je le diffuse à nouveau mais correctement écrit. 
Alors qu'il s'éloigne, Camille me fait remarquer qu'il s'agit de l'acteur Nicolas Duvauchelle dont elle est folle.
Moi, je ne l'ai pas reconnu et je pense qu'il a été mal maquillé. 
Le soir, nous allons dans une soirée.
Deux jeunes tombent et se cognent la tête contre une barre, par terre. 
L'un des deux meurt et, dans un silence absolu, il est emporté sur une civière. 

Rêve du 28 août 2012

jeudi 30 août 2012

Presque tous les jours seraient-ils intermédiaires ?*

Quelle drôle d'affaire que de ne pas se rendre là où on a tout à vivre. Si souvent cela tient à une immense destruction invisible. Je ne vous parle pas des rares instants que vous m'accordez, mais des autres, de ceux qui semblent demeurer en un blanc dévasté dans votre emploi du temps.
*Philippe Caubet. Dans un autre temps.
Les dernières semaines m'ont connue patiente mais, invariablement, ils m'ont surprise, ces jeudis, comme s'ils étaient superflus, malvenus, et pourtant.

J'ai salué la naissance du jour en la photographiant. C'est peut-être l'enthousiasme du ciel à son réveil qui fait hâter le mien. 

Au feu de la chaussée d'Ixelles, ils ont été plusieurs à me dévisager comme par désoeuvrement et avec la même insistance nonchalante que si je n'avais pas pu m'en apercevoir.

De la rue de Rome, j'ai rapporté Les journées ensoleillées. On y voit des lits avant qu'ils soient faits et des tables avant qu'elles soient débarrassées de nourritures qu'on devine poisseuses.

Puis, j'ai refermé la fenêtre car, à travers les rayons du soleil, la pluie s'était mise à tomber. 

mercredi 29 août 2012

DISPARUS

Parents et amis désireux de les retrouver, 

communiquer avec Sté de recherches n°1 Central Buildings, Westminster, London

Association française pour la recherche des Disparus

L'association française pour la recherche des Disparus poursuit sans ostentation depuis janvier 1915 son oeuvre de secours moral. Elle a obtenu de nombreux résultats dont l'importance croît chaque jour. Quelques chiffres donneront un aperçu de l'effort accompli.
L'Association a reçu, à ce jour, 53899 lettres, 29374 demandes de recherches, militaires ou civils, dont 19533 avec insertion dans son journal. Celui-ci est envoyé, chaque semaine, à 5635 abonnés gratuits : hôpitaux, préfectures, mairies, régiments à l'intérieur et au front, dépôts de prisonniers malades internés en Suisse, Comités et oeuvres diverses de réfugiés de France et de l'étranger. Il est également distribué à l'arrivée à Lyon de tous les convois de grands blessés rapatriés.
La correspondance et les dons doivent être adressés à
M. le Directeur de la Recherche des Disparus
Rue de Sèze, 2 - Lyon

mardi 28 août 2012

Tuesday self portrait (un signe)

-Je ne suis pas née sous le signe de la Vierge. 
-Moi si. 
-Ah zut, c'est bien ma chance. Je parie que la lessive t'obsède. 
-Je l'admets. 
-Eh oui, j'ai eu un amant du signe de la vierge, dans le temps. Toute sa vie tournait autour du lave-linge. Jour et nuit, laver, laver, laver. Je l'avais surnommé Lady Mac Beth.
Jeanette Winterson. Power book

lundi 27 août 2012

la modification



Si vraiment nous étions ce que nous mangions
plutôt qu'attendre une vaine réincarnation
il nous suffirait de commander d'autres plats
-nuggets, frites, sauce tartare, mousse au chocolat-
de changer nos assiettes habituelles
pour commencer une vie nouvelle.

dimanche 26 août 2012

high tea

Tandis qu'avec deux heures d'avance la pendule du premier rappelait l'imminence de la cérémonie du thé
une soudaine rafale de vent éparpilla l'essaim bavard de perruches par-dessus les arbres et les toits.
J'avais écrit tout l'après-midi et mes lèvres déposèrent
une marque bleue sur mon bol de sencha.

samedi 25 août 2012

il dit :

Depuis qu'on est sortis t'arrêtes pas de râler. 

Et ça fait 2 ou 3 heures. 

Alors maintenant on va rentrer 

et il va falloir que tu cesses.

vendredi 24 août 2012

Le cabinet des rêves 85

Je suis dans une voiture avec mes deux soeurs. 
C. nous a proposé d'aller au cinéma et, avant la séance, nous mangeons dans la voiture. 
Il y a des pâtes (un plat de nouilles nature) et différentes sortes de poissons grillés. 
Elles mangent vite. 
Je demande si je vais avoir le temps de manger puisque je suis moins rapide qu'elles et si je peux prendre un des poissons (une petite sole). 
C. m'indique l'horaire de la séance et, pour le poisson, me dit que je n'ai qu'à voir avec notre mère pour savoir si elle en veut aussi ou si elle en a déjà pris. 
Justement, elle revient (elle était aux toilettes) et confirme : oui, je peux prendre cette sorte de poisson. 
Je compose mon assiette puis vais aux toilettes, moi aussi. 
A mon retour, je m'installe pour manger mais ne retrouve mon assiette nulle part.
Plus personne n'est là, la séance est proche et j'ai faim. 
Puis elles reviennent et nous nous mettons à rouler en direction du cinéma. C'est F., que je n'avais pas vu jusque là, qui conduit. 
Je demande où est mon assiette et je devine que c'est F. qui l'a débarrassée dans un endroit maintenant inaccessible. 
Je me mets à lui crier dessus et l'insulte encore davantage quand je comprends qu'il l'a fait pour que j'en tire la leçon qu'il fallait manger plus vite, comme tout le monde
Je le traite de tous les noms et insiste sur son étroitesse d'esprit, comme s'il n'existait qu'une manière de faire possible. 
Personne ne dit rien. 
F. sourit ironiquement, comme s'il était au-dessus de tout cela. 
Je lui demande si c'est vraiment gênant que je mange lentement ET que je sois à l'heure. 

Rêve du 6 août 2012

jeudi 23 août 2012

DOWN
TOWN

En ville, on est seul parce que le monde est plein d'inconnus, et c'est un luxe d'une rare austérité que de se sentir ainsi étranger parmi des étrangers, de marcher en silence en portant ses secrets et en imaginant ceux des passants. Spécifique au mode de vie urbain, cette identité nulle part enregistrée, infiniment malléable, est un état libérateur pour tout ceux d'entre nous qui veulent s'émanciper des espérances familiales et sociales placées en eux, se frotter à d'autres cultures, changer de peau, fût-ce provisoirement.
Rebecca Solnit. L'art de marcher.

mercredi 22 août 2012

allée, venue

Sur son dos un sac à l'effigie de Winnie, les premières fois je ne comprenais pas pourquoi je la dépassais toujours au gré de mes allers, mes retours.
Ses nattes mi blondes mi grises, ses pas mesurés, c'est toujours de dos que je la voyais. 
Sa veste à carreaux, parfois elle la portait sur le bras : les jours de chaleur et elle ajoutait une casquette à sa panoplie.
Puis un jour
je l'ai vue faire demi-tour à un carrefour de l'avenue sans fin et l'ai croisée, enfin, et vu ses yeux de vieille petite fille fixant ses minces tennis sur le trottoir. 
Ainsi, pendant que je vis mes journées, elle va elle vient comme le balancier d'une pendule, comme une nageuse fait ses longueurs dans le grand bassin.

mardi 21 août 2012

Tuesday self portrait (l'été)

J'ai ouvert les volets. La lumière avait l'intensité d'une histoire d'amour. J'étais aveuglée, ravie, pas seulement parce qu'il faisait merveilleusement chaud, mais parce que la nature n'a aucune mesure. Nul n'a besoin d'une telle quantité de lumière. Pas plus que nul n'a besoin des sécheresses, des volcans, des moussons, des tornades, et pourtant nous les subissons, parce que notre monde est aussi extravagant qu'un monde peut l'être. 
Jeanette Winterson. Garder la flamme.

lundi 20 août 2012

et moi et moi et moi

On les a regardés, sur la pelouse.
En eux : un goût particulier pour le chocolat ou les grasses matinées, un chagrin d'amour mal soigné, une raison d'attendre avec impatience la fin du mois, une affection excessive pour une tasse rapportée d'un voyage scolaire, des dimanches soirs passés devant la télévision, une aversion pour une chanson à la mode, une nostalgie à venir de cet été... 
Et on a multiplié par 7 milliards.

dimanche 19 août 2012

familiers

génétique ou pas

mais trait commun

-Tu lis beaucoup, dit la maîtresse. Pourquoi ?
-J'aime bien lire, dis-je. 
-Ce n'est pas une raison suffisante. J'ai parlé à ta mère. C'est aussi ce qu'elle m'a dit, dit la maîtresse. Mais tu ne vas tout de même pas imaginer que je peux croire ça, hein ?
-Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? dis-je. J'aime bien lire, c'est tout. 
-Ah, c'est ce que tu crois ! hurle la maîtresse, assez fort pour que le principal en soit alerté et vienne la chercher pour l'emmener dans son bureau, agitée de sanglots hystériques. 
Après une période de convalescence, un mois de congé-maladie et de repos total, la maîtresse fut mutée dans une autre école. 
Richard Brautigan. Mémoires sauvés du vent.

samedi 18 août 2012

il dit :

Arrête de nous donner en spectacle 
partout où on va !
J'ai honte  
J'ai honte !

vendredi 17 août 2012

Le cabinet des rêves 84


Je suis chargée d'aller chercher sa brebis chez T.
J'ignore comment elle s'appelle mais elle a l'habitude d'être tenue en laisse et elle est très docile en plus d'être très élégante et haute sur pattes. 
Je dois aller avec elle chez ma soeur. 
Ce n'est pas la première fois que je me perds en y allant. C'est à la campagne, je suis à pied avec la brebis, les chemins sont inondés, pour la plupart. 
Je pense que, cette fois, je vais reconnaître la route mais non : je suis perdue à nouveau. 
Je fais un détour par un supermarché. Ce n'est pas facile de franchir le tourniquet de l'entrée avec la brebis. Je dois la porter pour la faire passer par-dessus. 
Une des caissières se penche et regarde l'animal en souriant. 
Comme je sais que je ne vais pas réussir à retrouver la maison de ma soeur, je décide de prendre un taxi jusqu'à un endroit facilement identifiable d'où je pourrai l'appeler pour qu'elle me guide. 
Au moment où nous longeons une espèce de très haut talus formé de volutes de bois et d'alvéoles abritant d'énormes vers, je fais stopper le taxi. 
Je fais descendre la brebis, pose mes affaires en désordre par terre puis retourne régler la course : je veux me dépêcher car d'autres passagers sont à l'arrière.
Le conducteur me tend un post-it sur lequel est écrit le montant que je lui dois : 6,55€. 
Je cherche parmi mes pièces. 
Voyant que j'en ai de toute nouvelles de 1 et 2 centimes (elles sont toujours en cuivre mais en forme de coupelles ovales), il me dit que 53 centimes suffiront si je les lui donne. 
J'en ai assez pour lui payer le montant exact. 
J'hésite puis fais ce qu'il me demande.

Rêve du 4 août 2012

jeudi 16 août 2012

la place

, alors, à force, je m'étais mise à redouter de me trouver seule avec lui mais c'était malheureusement fréquent car il était encore plus matinal que moi et quand j'arrivais, il était souvent déjà là, en train de manger des tartines au jambon, penché sur son écran et sa journée et je déballais à mon tour mon petit déjeuner, dépeçait une orange et, quoi qu'il en soit, faisais mine d'être absorbée afin d'éviter ses commentaires que je craignais non seulement pour leur inanité mais surtout à cause de leur persistance dans ma mémoire alors même que, proférés sur le ton d'une vérité universelle et incontestable, ils semblaient toujours concerner une partie de l'humanité à laquelle je n'appartenais pas. 

J'ai retrouvé la théière sur le bord de la fenêtre de la chambre, là où, le matin même, je l'avais bue puis abandonnée avant d'aller emplir mon panier de fruits et de pain frais sous le soleil qui m'avait donné envie de parc et de terrasse mais qui, finalement, brillait bien trop fort pour la ville et m'avait, au contraire, poussée à rentrer sans tarder afin d'ouvrir grand la fenêtre sur le jardin et ses perruches et, portant mon fauteuil jusqu'à l'ombre, sous le carillon japonais du centre de la pièce, j'avais eu l'impression de prendre ma revanche sur lui en même temps que je m'en étais voulu de ne pas encore avoir oublié ce qu'il avait dit un matin de l'année dernière, avant d'aller définitivement prendre ses petits déjeuners ailleurs.

... de toute façon, on est bien tous pareils : une fois qu'on a une place, on n'en bouge jamais. Je vois bien mon grand-père, il a beau avoir un grand appart, il est toujours dans le même fauteuil. Et moi aussi. C'est normal.

mercredi 15 août 2012

Le pouvoir sucrant

Le petit garçon avait découvert dès sa naissance
la fabuleuse chambre d'échos
qu'est la terrasse arrière.
A l'entendre les répéter à l'envi
et avec tant de gourmandise
on dirait que la langue est un sac de friandises
dans lequel il pioche ses premiers mots.
Avant c'était des pleurs
 maintenant
 il a du fou rire plein la gorge.

mardi 14 août 2012

Tuesday self portrait (mon destin en main)

Si mon inaptitude à manier l'aiguille me prive d'une carrière de chirurgien,
elle me tient heureusement loin
de Pénélope et son destin.
On ne peut jamais demander au destin qui nous accompagne d'ouvrir son poing. Si l'on y parvenait, j'imagine qu'on découvrirait avec surprise qu'il tenait enfermé dans sa main la relique la plus dérisoire, l'objet que nous avions oublié le plus facilement, l'élément qui nous avait paru le plus dénué d'importance : la couleur d'un jour, un caillou jaspé, une parole rendormie sur elle-même comme un petit serpent, peut-être une larme...
Pierre Gascar. La vie écarlate.

lundi 13 août 2012

PARADOxE

SI je suis prompte à faire se ressembler mes jours alors que la répétition m'effraie tant c'est que l'inclinaison du soleil me rappelle que dans quelques semaines le temps passé à lire sera l'unique point commun entre le nouvel emploi de mon temps et celui de tous ces jours d'été.
La banalité des jours, heureusement, s'offre à elle-même comme un secret habitable, à explorer pas à pas. Il suffirait de mieux lui prêter l'oreille, mettre plus de constance et de système à l'observer, à suivre les inflexions de ses longues phrases nulles, pour en tirer un étonnement continu. En ultime aboutissement de leurs recherches, les explorateurs n'auraient qu'à ouvrir une agence qui ferait partager leurs découvertes aux autres, en leur proposant de visiter le banal sous forme de circuits touristiques. 
Petr Kral. Enquête sur des lieux.

dimanche 12 août 2012

mia o û t

Alphonse Kauders confia à Richard Sorge : 
"Je doute qu'il existe un vide plus grand que celui des rues désertes. C'est pourquoi il est préférable d'avoir dans les rues quelques chars ou quelques corps, à défaut d'autre chose. Parce que quelque chose vaut mieux que rien."
Aleksandar Hemon. De l'esprit chez les abrutis.
La ville elle-même
est partie à la mer
.
Dans les vitrines
Septembre
en vain
s'époumone
.

samedi 11 août 2012

un jour sans

Ce jour-là, 
le pain 
avait le goût 
de la mauvaise humeur 
de mon boulanger.
Est-ce que l'intelligence donne aux humains une capacité plus large au bonheur ? Certainement pas. Il semblerait que les êtres intelligents sont les plus malheureux et que plus ils sont intelligents, plus ils ont cette terrible vocation au malheur. Tandis que ceux qui ont l'occasion de voir un animal vivre dans de bonnes conditions peuvent se représenter immédiatement le bonheur à son état le plus pur. Ils jouissent du seul fait d'être au soleil, de courir, d'avoir des amis, de manger, de se réveiller. En vérité, si c'était la capacité au bonheur d'un être sensible qui devait être retenue comme le critère déterminant pour qu'un droit à la vie soit accordé, on devrait faire disparaître l'humanité de la surface de la terre. 
Marcela Iacub. Confessions d'une mangeuse de viande

vendredi 10 août 2012

Le cabinet des rêves 83

5.IX.80
un rêve
En Belgique en Wallonie vers 1850 j'étais ta mariée vers Chimay et devais t'emmener chez le photographe du village mais tu ne voulais pas je voulais te présenter à ma grand-mère qui t'aurais tant aimé. Je faisais une cuisine traditionnelle pour toi un confit d'oie à la crème  mêlant les préjugés et wallons et normands.
Alix Cléo Roubaud. Journal 1979-1983
Je suis avec M-A. 
Le soir tombe et on goûte. Il y a du chocolat et, à un moment, quelqu'un arrive avec une caisse emplie de pain et crie "pain bénit ! pain bénit !"
M-A m'en propose. 
J'hésite puis accepte avant de m'apercevoir qu'il est beurré. 
Plus tard, nous sommes dans la 4L de sa mère, arrêtées à un feu rouge dans une côte. 
La voiture est si lente à démarrer et à prendre assez de vitesse qu'elle ne parvient jamais à passer. Je fais une remarque sur sa manière de conduire même si je ne suis pas sûre qu'après tant d'années sans le faire, je serais plus douée qu'elle. 
Je descends de la voiture et traverse à pied.
C'est justement à sa tentative suivante, la quatrième, qu'elle parvient à passer. 
Je la vois au bout de la rue : elle est descendue de la voiture et elle m'attend. Je la rejoins en marchant.

Rêve du 2 août 2012

jeudi 9 août 2012

TOUS LES MATINS
LE CHIEN
AVANCE SA TÊTE VERS MA MAIN
monté sur pattes comme un faon
et cette candeur, cette foi inaliénable
INSUPPORTABLES
tellement on devine qu'elles résisteraient aux coups ou à l'abandon

mercredi 8 août 2012

trouvez des personnes, 
des lieux
ou d'autres choses

, tout à coup, ce fut comme une contagion.
Comme s'ils ne voulaient pas être en reste après que le premier l'eût dit.
A les en croire -et pourquoi en aurais-je douté ?- ils étaient plusieurs à m'avoir vue.
D'ailleurs, leur description me ressemblait
: Tu marchais, dans la rue.
Je me rappelai que, le matin même, j'avais remarqué sur mon trajet la présence d'une caméra.
J'ai pensé
: mais eux m'oublieront.

mardi 7 août 2012

Tuesday self portrait (mon oeil)

écouter
est une autre manière
de voir
chaque jour
des images en mots
Que mes photos soient dans le quotidien; notre oeil tourné vers le futur antérieur de l'image consignée : nous avons été cela. 
Alix Cléo Roubaud.

lundi 6 août 2012

CHOSES EMBARRASSANTES

Au café, assister à une conversation médisante concernant la personne qui vient de quitter la table voisine de la nôtre.

Ne pas comprendre la question de notre interlocuteur à qui on a déjà demandé trois fois de la répéter.

Se tromper de destinataire en envoyant un mail.

Demander à une femme pour quand est prévu son accouchement et s'entendre répondre qu'il a eu lieu il y a trois mois. *
 *variante : elle n'est pas enceinte et ne l'a jamais été.

dimanche 5 août 2012

LES 
VOLUTIONS 
DE LA 
VIE

"dire ce que l'on fait
faire ce que l'on dit
écrire ce que l'on dit
écrire ce que l'on fait"
(La poésie n'est pas une solution  une émission quotidienne sur France Culture)
 
TEST.
50 cm.
Entrailles desquelles mon âme chérit uniquement la vôtre -soit à jamais notre consolation. Oh j'ai plusieurs choses sur le coeur à dire,  je ne sais si je les pourrai mettre sur papier. J'ai pensé à vous tout le long de mon

80 cm.
pensé à vous tout le long de mon retour, je dis grandement. Vos trois désirs pour la vie mortelle ne me déplaisent pas, car ils sont justes, pourvu qu'ils ne soient pas plus grands que leurs objets

1m.
méritent. C'est bien fait sans doute, de désirer la vie à celui qui vous a donné pour conduire la vôtre -mais mon cher il y a cent oui Ah je veux dire il y a d'infinis oui

1,25m.
je veux dire infinis moyens, pour vous guider sans cela : c'est lui qui vous conduit tenez bien votre coeur en haut restez là ne bougez pas non

1,50m.
en haut, attachez-le indissolublement à la volonté de ce très bon coeur*** 

Olivier Cadiot. Futur, ancien, fugitif. (Olivier Cadiot est aussi à écouter ICI, avec Rodolphe Burger)

samedi 4 août 2012

il dit :

Mais qu'est-ce qui est prévu ici ?
Tout ce qui est prévu 
tombe 
à 
l'
e
a
 u
!
!
!

vendredi 3 août 2012

Le cabinet des rêves 82

-Eh bien, moi, j'ai rêvé à John Wayne et puis c'est tout, dis-je. 
-Et alors ?, dit David. 
-Alors rien, dis-je. Rien que John Wayne, à faire tous les trucs qu'il fait d'habitude. 
-Et tu y étais, toi, dans le rêve ? dit David.
-Non, je regardais ça comme un film. Je voulais être dedans mais je n'arrivais pas à me lever de mon siège. Il a fallu que je reste assis à regarder. Je n'avais même pas un sac de popcorn.
Richard Brautigan. Mémoires sauvés du vent.
A Tokyo, je dois me rendre à une adresse que je n'ai pas notée et je me demande comment je vais y arriver.
Sans transition, sans savoir par où je suis passée, je m'y trouve.
Pendant que sa mère me parle, une petite fille blonde se blottit contre moi.
Je suis surprise par ce contact si intense, cet abandon si total alors que je lui suis inconnue.
Elle pleure très fort -je sens ses larmes couler sur moi- et m'avoue qu'à l'école, on dit d'elle qu'elle est (? j'ai oublié l'adjectif qu'elle utilise).
Sa mère, debout un peu plus loin et regardant la scène, acquiesce.
Elle est très différente de sa fille : elle est brune et a les cheveux crépus.
J'ai l'impression de l'avoir déjà vue, elle, mais de ne pas la reconnaître. 
Elle le confirme mais me dit que, la fois précédente, elle portait une perruque. 

Rêve du 2 août 2012

jeudi 2 août 2012

"Rien qu'un moment du passé ? Beaucoup plus, peut-être; quelque chose qui commun à la fois au passé et au présent, est beaucoup plus essentiel qu'eux deux."*

Mais, tout en mangeant, tournons une à une ces scènes de notre vie comme les enfants tournent les feuilles de leurs livres d'images, et leur bonne dit, en leur montrant du doigt quelque chose : "ça, c'est une vache. Et ça, c'est un bateau." Tournons les pages, et, pour votre amusement, j'ajouterai un commentaire dans les marges.
Virginia Woolf. Les vagues.
*Marcel Proust. Le temps retrouvé.
Nous étions retournés sur l'île de nos origines et, cette fois, c'était en bateau.
Assise à l'arrière, dans le bruit du moteur, j'avais empli mes poches des polaroïds que je prenais en rafale, sans leur laisser le temps d'apparaître.

Un autre jour, c'est entre les pages de mon carnet que je les avais glissés car la rue était trop froide, les couleurs n'y seraient pas montées.
L'un d'entre eux avait échappé à mon inventaire du soir. Je l'avais retrouvé quelques semaines après
,comme une fleur que j'aurais mise à sécher. 
L'instantané était devenu un différé.

mercredi 1 août 2012

REPAR
TEZ  
               avec des  
ENCEIN
TES
une semaine
je suis passée une semaine devant l'affiche avant d'en apercevoir
 les petits caractères