mercredi 31 octobre 2012

Amour

"tu viens avec nous ???"
je lui ai répondu sur cet air-là.
Je me doutais qu'ensuite, je n'aurais plus envie de chanter.

Sur l'écran la salle s'est remplie tandis qu'autour de moi elle restait aussi déserte que je l'avais souhaité. Tous les spectateurs se tournaient vers ma droite mais je jurerais avoir croisé le regard d'Emmanuelle Riva. 
Elle n'est déjà plus dans le couloir de l'entrée quand Jean-Louis Trintignant lui demande :
"t'ai-je dit que tu étais jolie ce soir ?"

mardi 30 octobre 2012

Tuesday self portrait (fenêtre sur cour)

(c'était le dernier mardi  de l'été)
Le soleil n'a aucune fraîcheur. 
Le soleil devint barbant vers le milieu de l'après-midi, ainsi qu'il paraît souvent aux enfants, et se fit presque démodé, comme de vieux vêtements coupés au départ de manière inintéressante et sans imagination. 
Richard Brautigan. Mémoires sauvés du vent.

lundi 29 octobre 2012

LES LUNDIS DE LA PHILOSOPHIE

1- La mort abolit-elle le sens de notre existence ? (11.10.88)

 Vous avez tenté de construire une réflexion personnelle sur le problème posé. C'est bien. 
Mais il est dommage que -sauf une allusion à la philosophie platonicienne- vous n'étayiez pas votre raisonnement sur d'autres philosophies. Cela donnerait plus de force et, surtout, de précision à ce que vous avancez. 
11/20

dimanche 28 octobre 2012

HISTORIENNE DE L'AVENIR

En ramassant les éclats du bol, je n'avais pas davantage d'états d'âme qu'en descendant les quatre poubelles emplies de mes archives dont le temps qui passe me prouve l'inutilité. 
Je n'ai ni jeté ni relu les journaux du temps où vivre me semblait si compliqué.
Sont-elles déjà passées, celles dont je parlerai comme de mes meilleures années ?
Je préfère attendre le tout dernier moment pour en juger.
Elle pensait au marc et, quand mon café me fut servi, me dit : "tu pourrais y lire ton avenir"

samedi 27 octobre 2012

il dit :

J'suis trop intense pour toi aujourd'hui ! 
J'vais aller pleurer un bon coup 
et me reposer !

vendredi 26 octobre 2012

Le cabinet des rêves 94

Rien de plus choquant, je tiens à le déclarer sans autre ambage, rien de plus choquant pour l'esprit que de voir à quelles vicissitudes a été condamné l'examen du problème du rêve, de l'antiquité à nos jours. De piètres "clés des songes" persistent à circuler, indésirables comme des jetons, à la devanture des librairies vaguement populaires. C'est sans espoir qu'on cherche à découvrir, dans les oeuvres des philosophes les moins tarés des temps modernes, quelque chose qui ressemble à une appréciation critique, morale, de l'activité psychique telle qu'elle s'exerce sans la directive de la raison.
André Breton. Les vases communicants.
Je suis à Tokyo avec E. et M. 
Dans la rue, il y a des pèse-personnes. 
Je monte sur deux d'entre eux qui indiquent que je pèse 80kg. 
E. est catégorique : ils sont défectueux, forcément. 
Moi, j'en suis moins sûre : je sais que j'ai grossi même si je doute que ce soit de 30kg. 
Je me dis que je vais vraiment devoir faire quelque chose. 

Plus tard, je suis en train de manger du fromage blanc et je m'aperçois qu'il contient du bouillon de poule. 

Rêve du 19 octobre 2012

jeudi 25 octobre 2012

Lire dans les villes (3 : à Montréal avec Dany Laferrière)

Quitter New York signifiait rentrer.
Mais là où je revenais, tout avait changé
-la saison, les couleurs, le quartier-

Afin de panser
mes troubles de l'identité
j'y  ai passé une journée.
Je remonte la rangée vers les toilettes. Longue file d'attente. Un type arrive et se place à côté de moi. On se regarde un moment. Puis, brusquement, sans ambages : 
-D'où venez-vous ? me demande-t-il en anglais avec un fort accent français. 
Ce n'est pas la première question qu'un Américain vous poserait. Il voudrait plutôt savoir ce que vous pensez de la déclaration de Magic Johnson. L'Américain blanc croit qu'un Noir a toujours de bons tuyaux sur n'importe quel autre Noir. Le Français veut plutôt savoir d'où vous venez. 
-De mon siège, 173. 
-Je ne parle pas de votre siège... 
-De Los Angeles. J'ai pris l'avion à l'aéroport, comme tout le monde. 
Autour de nous, on commence à s'intéresser à notre conversation et le type à se demander si je ne me paie pas sa tête. J'étais plutôt embêté par la brutalité de la question.
-Je veux savoir de quel pays vous venez, reprend-il sur un ton impérieux. 
Moment de gêne dans la file. 
-Avez-vous perdu un esclave ? je finis par répondre. 
Une jeune femme, pas trop loin de moi, éclate de rire. Il n'y a rien de mal à vouloir connaître le pays d'origine de quelqu'un. Cela permet à certains de rêver et d'avoir une histoire à raconter à leur femme en rentrant. Ils peuvent toujours leur dire qu'ils ont passé un bon moment dans l'avion avec un Sénégalais, un Polonais, un Tchadien ou un Malgache. Je comprends tout cela, sinon pourquoi voyagerait-on si l'ailleurs ne nous fascinait pas ?
Mais il y a une manière d'aborder la question je crois. On peut toujours commencer par lier un peu connaissance avec celui ou celle dont les origines nous intéressent en tenant compte du fait que certaines personnes peuvent être plutôt réticentes à se livrer ainsi au premier venu. Ou, pire, peut-être qu'elles en ont marre de répondre à cette question à laquelle elles croyaient avoir fini de répondre. D'autres réservent leur réponse à la police, aux agents de la douane et aux fonctionnaires du ministère de l'Immigration et du travail. Si vous n'appartenez pas à ces grandes institutions d'Etat, alors il faut des gants. Genre : Bonjour monsieur, comment ça va, et la santé ? La famille se porte-t-elle bien ? Les enfants sont-ils premiers à l'école ? Je suis ravi, vous savez, de cette rencontre, mais par ailleurs d'où venez-vous ? Du Bénin, du Sénégal, d'Haïti, du Zaïre, du Mali ou de la Guinée ? A un moment donné, la personne trouvera que vous en avez assez fait et répondra gentiment à votre question. 
-Du Mali... Et vous ?
Surtout, n'ayez pas l'air surpris. Acceptez le fait que, vous aussi, vous avez des origines et que, vous aussi, vous êtes exotique et vous exhalez le parfum de l'aventure pour l'autre. Il n'y a rien de plus offensant que de demander à quelqu'un, en retour, ses origines et de le voir vous regarder comme s'il n'était pas inscrit sur son front qu'il est Français, Américain, Anglais ou Allemand. En définitive, qu'il est un Blanc. Le Nègre vient d'un lieu; le Blanc d'une race.
Dany Laferrière. Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit ?

mercredi 24 octobre 2012

Au commencement

Je me lève plus tôt que le jour
et c'est la nuit qui entre par la fenêtre
la nuit et un chagrin d'enfant
dont je me dis que l'enfant 
l'aura oublié avant la fin du jour.

lundi 22 octobre 2012

La science de vivre


Pour le dîner, les lumières ont une importance capitale : de l'intensité du ton, du jeu de l'éclairage, dépendant souvent l'expression, la beauté des femmes et par extension la bonne humeur, le brio des hommes. On a tout intérêt à ce que la lumière électrique ne soit pas projetée directement sur les invités.
Le guide Marabout du savoir vivre de tous les jours.

dimanche 21 octobre 2012

L'anni versaire

La pluie crépitante avait oeuvré à la qualité de mon sommeil. 
Tout en haut, dans la chambre aux murs blancs, je me suis éveillée comme en vacances, devinant que les chats -et pas seulement les chats- étaient déjà levés. 

La cuisine sentait le café et de l'eau bouillante attendait mon oeuf pour le rendre coq. 

J'avais déballé mon cadeau la veille -j'avais découvert le livre du papier qui racontait les hésitations, retraçait les raisons du choix- mais ce dimanche a débuté aussi précieusement qu'une journée d'anniversaire.

samedi 20 octobre 2012

il (me) dit :

On ne vous voyait plus, 
on 
s'inquiétait !

vendredi 19 octobre 2012

Le cabinet des rêves 93

Je veux faire des travaux dans mon appartement. 
Je suis obligée, pour cela, de me plier à l'avis du propriétaire (qui est GF). 
Je finis par me dire que, même si ce n'est pas tout à fait conforme à mes voeux, au moins ce sera fait. 

Rêve du 11 août 2012

jeudi 18 octobre 2012

L'exercice de la vision

Je ne sors jamais sans mon appareil,
que je vide en rentrant. 

Le soir,
je ne pense pas à ce que j'ai fait
mais à ce que j'ai vu.

mercredi 17 octobre 2012

"L'histoire n'est plus à suivre et j'ai fermé le livre... Tu ne m'aimes plus"*


Nous avons marché depuis le bout du quai où il m'attendait jusqu'au boulevard où il allait travailler.
  Et la ville n'était qu'un décor empli de figurants que nos retrouvailles rendaient invisibles.

Plus tard nous avons bu du vin,
 nous avons repris notre conversation.
 Dans mon sac, il a glissé 
deux livres et
 les clefs de son appartement.
 De quoi avons-nous parlé, sinon d'amour, 
sinon des choses de la vie ?

Il est vrai que j'adore être seul dans une ville étrangère, Rennes ou Calcutta, qu'importe, pour l'unique plaisir -et plus qu'un plaisir- de savoir que nulle nécessité ne me conduit, que le hasard me prend en charge, que l'imprévu est au détour de chaque instant, pas l'aventure mais l'imprévu, le non prévu, l'admirable disponibilité que la vie quotidienne réduit à la portion congrue. 
Paul Guimard. Les choses de la vie.

*Et lisant, je me souvenais bien sûr de la chanson d'Hélène, de la voix de Romy Schneider. Ce que j'avais oublié, c'est à quel point elle était mélancolique.

mardi 16 octobre 2012

lundi 15 octobre 2012

Lire dans les villes (2 : à New York avec Antonio Munoz Molina)

Le matin, sur les bords de l'East River -et seulement là-
pendant que les habitants du quartier couraient,
échangeaient des nouvelles,
faisaient se rencontrer leurs chiens,
pendant que le soleil achevait de se lever,
qu'il devenait de plus en plus chaud
en même temps que mon café refroidissait,
j'émiettais mes bagels toastés
au-dessus des lignes que je lisais
avant d'aller vivre la ville.
New York est une ville de lève-tôt. Le premier jour où je me suis réveillé dans cet appartement, avec la lumière de l'aube à cause de mon sommeil déréglé par le voyage, je suis sorti dans la rue, hébété, à la recherche d'un café et il y avait le long des trottoirs et sur les carrefours sans circulation beaucoup de gens tôt levés et actifs, joggeurs en route pour Central Park, marcheurs rapides en short et en tennis, gens qui promenaient leur chien ou qui rentraient chez eux en portant sous le bras le New York Times du dimanche. J'allais devoir secouer ma paresse espagnole pour mieux profiter de mon temps, pour sortir au plus vite et marcher dans la ville, y découvrir et y apprendre d'autres choses, emmagasiner d'autres images avec l'attention fascinée et la curiosité gourmande de celui qui est toujours un nouveau venu et qui veut tout voir, qui demande au minimum à chaque journée l'intensité d'une sensation véritablement forte.
Antonio Munoz Molina. Fenêtres de Manhattan.

dimanche 14 octobre 2012

QUI
ON
(N')
EST
(PAS)

On fait suivre le verbe être d'une nationalité
-plusieurs fois, j'ai rappelé la mienne
à ceux qui m'ont demandé si j'avais voté-

ou d'un nom qu'on porte sans l'avoir choisi
-il travaille rarement le dimanche (mais ce matin si)
celui qui, pour me saluer, prononce doucement
la version courte de mon prénom-

d'une profession à plus ou moins plein temps
-à la faveur d'une cigarette j'ai appris
que l'homme que je n'avais jamais vu, moi,
me voit régulièrement, lui,
et croyait que j'étais psy-

Des visages, il ne reste qu'un oeil, l'arrondi de la joue d'une femme qui sourit, le noeud serré d'une cravate sombre.
Face aux polaroïds de Charif Benhelima, j'ai pensé qu'il s'agissait de parfaites photos de non-identité.

samedi 13 octobre 2012

Lire dans les villes (1 : à Paris avec Julio Cortazar)

Le matin, dans un appartement parisien près du ciel -le 7ème-
pendant que le pain rôtit,
que l'eau du thé frémit,
écouter Chet Baker,
corner quelques pages.
Il était à peine 10 heures, et je me dis que vers 11 heures j'aurais une bonne lumière, la meilleure qui soit en automne. Pour perdre du temps je dérivai jusqu'à l'île Saint-Louis et me mis à marcher le long du quai d'Anjou, je m'arrêtai un instant devant l'hôtel de Lauzun et je me récitai quelques vers d'Apollinaire qui me viennent toujours à l'esprit quand je passe devant l'hôtel de Lauzun et quand le vent tomba d'un coup et que le soleil devint au moins deux fois plus grand, je m'assis sur le parapet et me sentis terriblement heureux dans cette matinée de dimanche. Des mille façons de combattre le néant, une des meilleures est de prendre des photos, activité à laquelle on devrait habituer les enfants de bonne heure, car elle exige de la discipline, une éducation esthétique, la main ferme, le coup d'oeil rapide. Lorsqu'on se promène avec un appareil photo, on a comme le devoir d'être attentif et de ne pas perdre ce brusque et délicieux ricochet de soleil sur une vieille pierre, ou cette petite fille qui court, tresses au vent, avec une bouteille de lait ou un pain dans les bras.
Julio Cortazar. Les fils de la vierge in Les armes secrètes.

vendredi 12 octobre 2012

Le cabinet des rêves 92

Je suis dans le train au Japon : au fur et à mesure que je les dépasse, je reconnais le nom des gares.
Il y a aussi beaucoup de maisons luxueuses avec des piscines. 

Je vais faire des courses. 
Comme le gérant du magasin n'est pas là, les articles sont attachés entre eux avec une ficelle et je n'arrive pas à me saisir, notamment, d'oranges emballées dans un paquet opaque. 
Comme je m'apprête à abandonner, je vois deux jeunes femmes qui y parviennent, elles, et dont l'une parle français et n'est pas asiatique. 
Je lui parle mais elle fait comme si elle n'avait pas entendu. 
Je réussis à prendre un paquet dans un autre rack mais, en me dirigeant vers la caisse, je me rends compte que je n'ai pas pris des oranges mais des bouteilles de jus et, me doutant que je ne vais pas aimer ça, je vais les reposer. 
Je passe à la caisse avec un sachet de pain dont je m'assure auprès de la caissière -qui n'est autre que L. de New York- qu'il n'est pas aromatisé. Elle me le confirme en faisant la grimace et s'en va avant que je puisse payer mais après m'avoir présenté une jeune fille sous le seul prétexte que celle-ci apprend le français. 
Elle me parle mais je ne comprends rien.

Rêve du 6 octobre 2012

jeudi 11 octobre 2012

buissonner

Prendre le tram me donne invariablement l'impression d'être à l'étranger et aller chez lui celle de me rendre à la campagne. 

Le petit déjeuner des enfants avait laissé des miettes sur la table, les chats s'ébrouaient dans le jardin, le soleil jouait avec les feuilles, avec les herbes. 

Quand la musique s'est arrêtée, nous avons partagé un thé.
Je l'avais remarqué dès mon arrivée mais ce n'est qu'en partant que je lui ai dit que j'aimais le portrait de son ex-femme, accroché dans le salon.

mercredi 10 octobre 2012

Comme si, au cinéma, les lumières se rallumaient avant le générique de fin


Je ferme les yeux et mes paupières s'éblouissent de soleil. Je vois apparaître la mer Intérieure. Les bateaux de pêche se suivent au large, sur la mer tiède et immobile.
Rei ! Un jour, je pourrai te revoir toi aussi, un jour lointain.
A Manazuru, dans les vagues qui agitaient la mer du soir, un bateau en flammes s'est englouti. On vient d'un lieu où il n'y a rien, on retourne dans un lieu où il n'y a rien. La voix pleine de douceur de Momo a vibré au loin et le jardin s'est inondé de lumière. 

Achevé d'imprimer en Espagne par 
blackprint
A CPI COMPANY

Dépôt légal : février 2012
A la fin du roman,
 (Manazuru, de Hiromi Kawakami)
aucun feuillet supplémentaire. 
Le dépôt légal 
et puis la couverture, seulement.

mardi 9 octobre 2012

Tuesday self portrait (notes de chevet)

Au matin, consigner les rêves avant qu'ils ne s'évaporent.
35. Sujets de poésies

La capitale. La puéraire. La bardane d'eau. Le poulain. La grêle. Le bambou nain. La violette à feuilles rondes. Le lycopode. L'avoine d'eau. La sarcelle. Le canard mandarin. Les massettes poussées çà et là, en automne. Le gazon. La liane verte. Le poirier. Le jujubier. Le "visage du matin". 
Notes de chevet. Sei Shônagon

lundi 8 octobre 2012

Anatomie du souvenir

Tout le temps qu'a duré mon voyage
-à peine trois stations, à peine cinq minutes-
l'homme a gardé la tête penchée vers sa lecture.
L'aurait-il relevée qu'il aurait vu mes yeux, sur lui fixés
-que je n'aurais pu, n'aurais su, détourner-
et en aurait-il été surpris que j'aurais pu lui expliquer.

Vous savez, mais si ! ça vous est forcément arrivé, à vous aussi, un jour où vous attendiez le métro l'esprit vacant, un jour où dans le rayon "petit déjeuner" d'un supermarché, vous tendiez le bras vers un paquet de café, un jour où vous n'aviez pas soif mais où vous êtes entré dans un café pour vous abriter d'une averse, un jour où vous étiez dans la voiture d'un collègue qui a allumé la radio, un jour où... Enfin vous voyez ce dont je veux parler, vous savez ces moments où tout à coup vous entendez une chanson qui pour une raison, pour une autre, vous transporte sans prévenir dans une autre période de votre vie. 

C'est l'effet que m'avait fait la vue de son visage
qui ressemblait tellement à un autre
-que j'aurais juré avoir oublié-
et si je persistais à le regarder avec autant d'insistance,
c'était en attendant que mon coeur cesse de battre,
si fort.

dimanche 7 octobre 2012

Après la pluie

 (je lisais)
Le yaourt que je portais à ma bouche s'est mollement répandu sur le plaid. 
regarder la matière imprégner la maille
déplier mes jambes recroquevillées
déplacer la table chargée du plateau du goûter
me lever
aller à la cuisine
faire couler l'eau
frotter la tache avec mes doigts humides
en profiter pour mettre en route la bouilloire
choisir un autre parfum de thé
retourner dans mon fauteuil
recommencer à lire
Alors que plus tôt dans le tram, un geste brusque maladroit avait renversé le carton et les popcorns avaient joyeusement rebondi sur le sol comme une pluie crépitante.

samedi 6 octobre 2012

il dit :

Les porc-épics, les fourmilières, 
c'est pareil :
tu peux pas vraiment dire quel goût ça a !


vendredi 5 octobre 2012

Le cabinet des rêves 91

Je suis dans mon salon où j'ai dormi, à côté d'une de mes nièces. 
Je lui raconte le rêve que j'ai fait et elle ajoute des détails à mon récit, le complète comme si elle avait fait le même.
Je m'exclame que c'est incroyable qu'on ait rêvé l'une de l'autre dans la même nuit (mon rêve la mettait en scène) ! 
A ce moment-là, j'entends des pas dans l'escalier, je vois une ombre se profiler par la fente de la porte de mon appartement et ma voisine entre, sans frapper. 

Rêve du 3 octobre 2012

jeudi 4 octobre 2012

Habituellement, les jeunes femmes qui viennent seules en septembre sont là pour la fashion week.


Je souris aux paroles de L. et me demandai d'où pouvaient provenir son accent et les maladresses qui émaillaient son français. Car, si elle connaissait ma nationalité, j'ignorais ce qu'elle avait été avant de devenir New Yorkaise. 
Je me demandai également si elle avait remarqué, à part mes boucles d'oreilles qu'elle regardait davantage que mes yeux, mon pantalon mou et mon tee shirt délavé dont l'échancrure laissait apparaître les bretelles d'un marcel usé.
Son insistance à ce que je l'appelle pour confirmer démentit aussitôt la sincérité de son invitation à boire un verre, sur le toit de son immeuble le samedi soir.
Dans le brouhaha du MoMA où j'avais trouvé un téléphone, elle me parla d'un goûter d'enfant, d'une organisation difficile et, comme elle l'attendait de moi, j'écourtai notre conversation.
(de ce samedi soir, plutôt qu'une terrasse, il me reste l'émouvant souvenir d'un lent coucher de soleil sur l'Hudson)

mercredi 3 octobre 2012

Lay your head down in my arms

-J'aime New York. Je m'y sentais bien : je n'étais pas chez moi, j'avais toujours l'impression d'être en visite. 
-Et à Paris ?
-A Paris c'est la même chose seulement je préfère New York. Là-bas les gens vous laissent plus tranquille.
(Le feu follet, un film de Louis Malle)
Paris est belle sous la pluie mais Alain Leroy ne le voit pas.
A la terrasse du Flore, il recommence à boire plutôt qu'à vivre. 
Lui, il s'appelle Anders et lui aussi, il a collé sur son miroir la photo d'une femme qu'il n'a pas su aimer. Lui aussi, il va au café regarder la vie qu'il va quitter et, dans la maison de son passé, à Oslo, il joue du piano avant de se tuer.
Ils ont quelque chose d'irrésistible, ces hommes au sourire triste et on voudrait leur prendre la tête entre les mains et caresser les rides qu'ils ont au coin des yeux et les soigner de tout quand bien même on devine qu'on ne peut rien.

mardi 2 octobre 2012

Tuesday self portrait (échapper aux qualificatifs)

VOUS POUVEZ ÊTRE PLUSIEURS PERSONNES DIFFÉRENTES SELON CELUI QUI SE SOUVIENT DE VOUS
Antonio Munoz Molina. Fenêtres de Manhattan.

lundi 1 octobre 2012

Life is easier where the walls are red
Brooklyn is a place stuck in my head*

Lundi, c'est
une flânerie dans la fin de ma semaine new yorkaise
sur une mélodie doucement nostalgique de *Woodkid