samedi 30 juin 2012

il dit :

je sais pas si c'est 
 du chat, 
du chien
ou du synthétique

vendredi 29 juin 2012

Le cabinet des rêves 77

Je me penche à la fenêtre à l'heure à laquelle je me lève d'habitude. 
Or, cette fois, il fait encore nuit. 
Je me demande si je me suis trompée d'heure ou si les jours raccourcissent. 
De plus, je sens que le radiateur de ma chambre est chaud. J'en suis surprise : la chaudière est pourtant bien éteinte. 

Rêve du 28 juin 2012

jeudi 28 juin 2012

Les cartes secrètes de l'identité

Je suis lassée de la question de l'origine. 

Mais c'est en lui répondant que j'ai appris que les dimanche de son enfance s'étaient parfois passés sur les lieux de ma naissance. 
 Le lendemain, pour me distraire, j'ai essayé de me lancer dans la cartographie de Moby Dick
Cartographier un roman est une tâche délicate. Parfois, les paysages imaginaires m'offraient un refuge, un répit dans la mission que je m'étais assignée de cartographier le monde réel dans sa totalité. Mais ce répit était toujours assorti d'un sentiment de vacuité : je savais que je me leurrais, que l'oeuvre de fiction n'était qu'une illusion. Sans doute certains parviennent-ils à justifier le plaisir de l'évasion par la conscience du leurre, peut-être est-ce précisément là tout l'intérêt des romans, mais pour ma part, j'ai toujours trouvé difficile d'accepter cette cohabitation de la réalité et de la fiction. Peut-être faut-il simplement être adulte pour réaliser ce numéro d'équilibriste qui consiste à croire tout en ne croyant pas.
Reif Larsen. L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet.

mercredi 27 juin 2012

Ma vie écrite

Du mari d'Hélène, je savais seulement qu'il cuisinait très bien les pâtes (1) et que, dans son temps libre, il aimait pratiquer la graphologie. 
Un jour, très peu de temps après mon arrivée, nous avions mangé à la cantine ensemble (2) et je crois que, pour Hélène, ce n'était pas anodin. 
Peu après (3), elle s'était penchée sur mon écriture et m'en avait demandé un échantillon, me disant qu'il représenterait certainement un bon entrainement pour son mari. 

Pas davantage que la prédiction que m'avait faite mon dentiste quelques années auparavant, je n'avais donc sollicité cette analyse de moi-même qu'Hélène me tendit et me commenta quelques jours plus tard. 
J'étais restée un peu perplexe quand, lisant par-dessus mon épaule, elle avait insisté : "Ah oui ! Il a dit que ce serait beaucoup plus exacerbé plus tard."
Perplexe et sceptique. 

Pourtant, une mésaventure m'a récemment fait penser que la prophétie du graphologue était en train de se réaliser. Mais, dans le même temps, je me suis dit que, finalement, c'est moi qui l'avais écrite.

(1) et plus tard, je constatai que sa réputation n'était pas usurpée.
(2), le dédaignant, Hélène avait dit du gâteau au chocolat du dessert : "Quitte à avaler une bombe calorique, autant qu'elle soit meilleure !"
(3) d'elle non plus, je ne savais pas encore grand chose. Ensuite, j'appris qu'elle était capable de beaucoup insister pour obtenir ce qu'elle voulait -dans mon cas : que je goûte à son tiramisu alors même que je n'aimais ni le café ni le chocolat et que ce dessert me rendait habituellement malade- et qu'elle collait ses photos dans le désordre dans ses albums. Elle en avait tourné les pages pour moi et je l'avais vue aussi bien petite fille que dans les rues de Rome deux ans auparavant.
(4) écrite au stylo bille, de l'écriture de quelqu'un dont on pourrait croire qu'il n'accorde pas grande importance au soin et à la graphie, quelqu'un qui manque un peu de maturité. 

mardi 26 juin 2012

Tuesday self portrait (le costume)

Rembrandt. Au cours de sa vie il a peint son autoportrait une bonne cinquantaine de fois, griffonné d'innombrables dessins et laissé vingt gravures à l'eau-forte. Aucun artiste ne l'avait fait auparavant. Aucun artiste ne s'était si manifestement pris lui-même pour objet de son travail.
Le tableau change constamment. Rembrandt se costume, revêt une armure, se coiffe d'un chapeau ou s'enveloppe d'une cape. Le visage vieillit, se ride, redevient lisse.
Ce ne sont pas des photographies, il s'agit de théâtre.
Pourquoi Rembrandt s'est-il servi de lui-même ? Eh bien, parce qu'il était là, mais tout autant parce qu'il n'y était pas. Il déplaçait ses propres frontières. Il se glissait dans des peaux différentes. Ces autoportraits ne rendent pas compte d'une existence unique mais de nombreuses vies qui se superposent et qui parfois affleurent dans la peinture, à travers le peintre.
Jeanette Winterson. Powerbook.

lundi 25 juin 2012

SINKING
(head on the door)

J'ai commencé à l'entendre bien avant de le voir.
Une parole malade, une parole qui ne respirait pas. 
Il ne semblait pas s'adresser à nous.
Et en effet.
 Mais à personne d'autre non plus, personne de visible. 
Et vite, très vite, je me suis éloignée.
Aussi mal à l'aise que s'il avait ouvert sa tête
pour nous en montrer l'intérieur.

dimanche 24 juin 2012

CHOSES QUE J'AI CUISINÉES EN 1999

-le 23 janvier : des carbonades flamandes, un gâteau au chocolat.
-le 26 janvier : des pâtes aux trois fromages, un clafoutis aux pommes.
-le 29 janvier : du poulet tandori, un gâteau au chocolat.
-le 12 avril : des lasagnes aux légumes, un gâteau à la rhubarbe.
-le 22 avril : un crumble au poulet et aux légumes, une salade d'oranges aux fraises.
-le 25 avril : une tarte au Maroilles.
-le 5 mai : une soupe au concombre, des feuilles de brick au fromage de chèvre, un gâteau à la rhubarbe.
-le 22 mai : un tagine de poissons et des pommes de terre à l'espagnole, une tarte aux pommes.
-le 25 mai : du poulet au miel et à la menthe.
-le 24 juin : du porc braisé aux abricots.
-le 26 juin : une soupe de concombre, une tarte à l'oignon, un gâteau au chocolat, un gâteau à la rhubarbe. 
-le 6 août : une tarte aux prunes.
-le 24 août : des poivrons au miel et à la feta, un tagine de poissons, un gâteau à la carotte.
-le 9 octobre : un curry aux fruits(1).
-le 10 octobre : un gâteau au citron et au miel, une crème au chocolat.
-le 23 octobre : un sauté d'agneau, une crème au chocolat, des biscuits aux flocons d'avoine.
-le 13 novembre : des petits choux au gruyère, un curry de poulet, une tarte aux pommes et aux noisettes(2).
-le 17 novembre : des scones à la moutarde et au fromage, un curry de porc à l'ananas.
-le 26 novembre : une quiche.
-le 14 décembre : un gratin de poireaux et de carottes, une tarte au citron.
(1) Riz basmati, 200 g de carottes, 1 concombre, 1 oignon, 4 pommes, 2 bananes, 1/2 verre de raisins secs, noix de coco râpée, curry, sel. 
Faire revenir dans une grande sauteuse l'oignon en lanières, les carottes en bâtonnets et le concombre en tranches. Ajouter une cuillère à café de curry, une pincée de sel et un peu d'eau. Laisser cuire 15 à 20 minutes. 
Pendant ce temps, cuire le riz. Couper les pommes en dés et les bananes en morceaux. Passer les fruits rapidement à la poêle avec les raisins secs. Servir le riz le riz dans chaque assiette avec les légumes et les fruits. Saupoudrer de noix de coco en poudre.

(2) "Faut-il "vider son assiette" ? je sais combien il est difficile de tenir ses résolutions quand on est en train de dîner avec des amis qui ne veulent rien comprendre. Vous pouvez prendre la coupe de fruits qu'on vous offre, quelques cuillerées de soupe légère, la garniture verte de votre viande. Au dessert, permettez-vous quelques fruits. Pour le reste du dîner, ayez des conversations animées qui empêcheront qu'on ne remarque que vous ne mangez pas les amidons, les sucreries qui vous feraient grossir.
Le bon sens et un peu de savoir-faire sont les meilleurs alliés dans la lutte pour l'amincissement. Rappelez-vous encore ceci : nous sommes tous des sculpteurs, et le chef-d'oeuvre de chacun de nous peut être son propre corps.
Bengamin Gayelord Hauser. Mangez pour être belles.

samedi 23 juin 2012

il dit :

moi, c'est simple 
je ne pose que des questions 
dont je connais 
la réponse !

vendredi 22 juin 2012

Le cabinet des rêves 76

Mon père est en bas et je sais par ma mère, qui monte à l'étage où je suis, qu'il a décidé de faire du fromage blanc. 
Elle fulmine parce qu'elle sait qu'il ne fait pas ce qu'il faut, elle le lui a dit mais il s'obstine. 
Un peu plus tard, je descends et je constate, au contraire, que mon père a réussi la recette. 
Il a recouvert de son fromage de nombreuses tartines, qu'il a empilées approximativement et, au moment où j'arrive, il est en train de tenter de verser du miel dessus. 
Les tranches de pain étant de guingois, le miel glisse, n'y adhère pas comme il le voudrait mais, malgré tout, il s'en est déposé partout et je suis déçue car je ne vais pas pouvoir goûter à ces tartines. 
Voyant que mon père est déjà très énervé, j'essaie de le lui dire le plus gentiment possible, insistant sur sa réussite de la recette qu'il pourra refaire une prochaine fois. 

Rêve du 13 juin 2012

jeudi 21 juin 2012

De  toute  façon c'est  toujours  pareil  :

tu finis par me donner des noms d'animaux
parfois même tu me traites d'oiseau
et puis tu m'embrasses

mercredi 20 juin 2012

Ce fut comme une apparition

Brusquement, elle ne fut plus là. 
Et je me sentis redevenir ordinaire. 
Comme si, par sa présence à mes côtés, elle m'avait fait profiter de son charme, de sa féminité, sa manière toute simple d'être belle sans y penser. 

Dans le soleil de la fin d'après-midi, elle s'assit sur le même banc que moi, entama cette conversation exclusive mais pas excluante, me confia l'histoire de son amour pour mon pays natal, justifiant sa présence : Mais, dans le fond, je suis une vraie Bruxelloise !

Je l'imaginai sans mal dans d'autres lumières, un enfant dans les bras, d'autres jouant autour d'elle. 
Je l'imaginai sans mal face à ses toiles, se souciant aussi peu des heures de repas que de la peinture constellant son vieux jean.
Mais aussi devant un écran, travaillant à ses livres parus sous pseudonyme, relisant celui qu'elle signera de son vrai nom.
Elle souriait, elle conclut.
Oh tu sais, ce qu'on dit des écrivains est tellement vrai : ils sont de véritables éponges ! 

Elle prit congé.
Elle disparut. 
Je ne lui avais pas dit que j'écrivais. 

mardi 19 juin 2012

Tuesday self portrait (l'usurpatrice)

Je peux changer l'histoire. Je suis l'histoire. 
Jeanette Winterson. Powerbook
Elle a affirmé sans hésiter
ça ira bien avec vos yeux verts
Confirmant ainsi et sans le savoir
Que je n'ai plus aucun point commun
Avec celle qui apparait
Dans les pages de mes albums d'autrefois.

lundi 18 juin 2012

Les habits du roi

je retire mes lentilles 
comme je me déshabille
sortir sans dans la rue
serait comme y être nue

dimanche 17 juin 2012

Pour le pays entièrement*
(Une pièce par lettres)

Nos baisers ont tout de suite eu le goût des départs
celui du temps des taxis
Et c'est ta main qui,
pas ta bouche
souvent,
est la dernière 
à me dire au revoir 
*Cette pièce brève a été écrite par Gertrude Stein sur l'île de Majorque en 1916. 
Un homme et une femme sont assis chacun à une petite table. Ils écrivent des lettres : l'un à l'autre, à des connaissances communes ou non... Parfois ils ne sont pas d'accord sur ce qui doit être écrit. Le texte des lettres est parfois projeté sur un écran semblable à une immense page située derrière eux. C'est un troisième personnage, muet, à l'avant-scène qui "écrit" les lettres sur un rétroprojecteur.

samedi 16 juin 2012

il (me) dit

mademoiselle, mettez-vous là...
vous serez plus au calme pour lire !

vendredi 15 juin 2012

Le cabinet des rêves 75

Je raconte, devant un petit groupe de gens concernés, une anecdote qui m'est personnellement arrivée. 
Je conclus mon récit par celui d'un rêve que j'ai fait et qu'il me semble pertinent d'y associer. 
J'explique brièvement le sens que je donne à ce rêve.
A la fin, on m'applaudit et j'en suis confuse. 
Pour masquer cette confusion, je dis : Oui, enfin... il ne s'agit que d'une possible exégèse. 

Rêve du 10 juin 2012

jeudi 14 juin 2012

Sur le trottoir
ses noyaux de cerise
comme 
des caillots de sang

mercredi 13 juin 2012

La nuit, je

Au matin,
ayant gardé le vague souvenir de l'avoir rempli pendant la nuit
j'ouvre le cahier de mes rêves, à mon chevet.
Et j'y découvre un récit qui, parfois, m'étonne autant
que si ce n'était pas moi qui l'avais écrit.
La plupart des gens ne voient que la réalité superficielle du travail d'écriture et s'imaginent que la tâche de l'écrivain nécessite simplement de rester tranquillement dans son bureau et de penser. Si vous avez la force de soulever une tasse de café, pensent-ils, vous pouvez écrire un roman. 
Haruki Murakami. Autoportrait de l'auteur en coureur de fond.

mardi 12 juin 2012

Tuesday self portrait (les correspondances 2)

De même que, après être allée à un concert, je me repasse tous les disques de l'artiste les jours suivants, j'ai relu de nombreuses pages de Javier Marias après avoir assisté à sa rencontre
Quant à la carte qu'il m'envoya en réponse à celle que je lui avais écrite, je ne vis tout d'abord pas la nécessité de la relire : je me souvenais parfaitement de son message, de son français presque parfait, de ses salutations en espagnol. J'étais capable également de retracer l'emploi du temps de la matinée où je l'avais reçue, capable de dire qu'il faisait beau, ce jour de la fin juin 96. 
Quand, tout à coup, je m'aperçus qu'une chose s'était totalement et irréversiblement évanouie de ma mémoire (et dans le cas des souvenirs enfuis, je sais que me soumettre à la torture serait parfaitement inefficace) : le recto de la carte. 
Je ne me précipitai pas, cependant : je passai deux jours à me demander ce que j'allais découvrir en rouvrant l'enveloppe.
Même s'il se dit "écrivain de la boussole et pas du plan", signifiant ainsi que, s'il sait dans quelle direction son récit s'achemine, il en découvre les méandres lui-même tandis qu'il les écrit, on peine à croire que Javier Marias laisse la moindre place au hasard dans ses romans. 
Mais dans sa vie ? 
S'était-il débarrassé d'une carte qui traînait depuis longtemps sur son bureau ? Ou l'avait-il soigneusement choisie ?
En redécouvrant ce que ma mémoire avait occulté, je n'eus aucune réponse à ma question : hasard ou intention ?
Mais je restai stupéfaite.

lundi 11 juin 2012

Les  correspondances 1

J'ai vu à la vente des livres d'amis à moi, Aleixandre et Benet*, dédicacés à des amis à eux, morts peut-être ou qui peut-être se sont lassés de les avoir et les ont mévendus. Je les ai achetés pour qu'ils ne tombent pas aux mains d'étrangers. Et j'ai découvert un jour dans une librairie l'exemplaire qu'un autre ami écrivain avait dédicacé à son psychiatre, rien de moins, dont il était encore le patient : grave dilemme aux imprévisibles conséquences, le faire savoir ou non à cet ami. Par chance, je n'ai pas encore trouvé de livre de moi offert il y a quelque temps à un être cher. Mais tout viendra à son heure, je suppose, car il y a un genre de mélancolie que généralement la vie ne nous épargne pas.
Javier Marias. Autres vanités in Littérature et fantôme.
Familière de l'oeuvre de l'écrivain, je n'avais pu m'empêcher, alors que je l'écoutais répondre aux questions dans un français presque exempt d'accent -que seule sa coquetterie lui permettait de qualifier de français de baccalauréat- et avec les circonvolutions que je lui reconnaissais, alors que je l'observais se tenir droit dans un fauteuil qui ne lui laissait pas d'autre choix, adoptant par moment des poses d'homme de lettres : le menton dans une main, gêné toutefois par le micro qui lui balafrait la moitié du visage, maîtrisant tout aussi bien l'art de susciter l'amusement de la salle que celui de maintenir son attention lors de ses digressions, alors que je me faisais la réflexion que malgré l'immensité de la scène et un éclairage peut-être mal adapté qui le faisaient paraître plus petit et plus âgé que je ne l'aurais imaginé, je devais bien admettre qu'il était décidément irrésistible, je n'avais pu m'empêcher, donc, de penser que la rencontre à laquelle j'étais en train d'assister aurait très bien pu figurer dans un de ses romans.

Descendant pensivement les marches qui menaient à la sortie, je sursautai devant la foule qui  envahissait le vaste hall d'entrée en une file indisciplinée et se pressait dans un brouhaha polyglotte et excité puis, tournant la tête, je découvris une table installée près du mur et je compris que c'était là qu'aurait lieu la séance de dédicace promise quelques instants auparavant.
Je sortis, traversai le soir d'été et pensai que mon nom inscrit à l'encre sur un livre serait moins précieux que les mots imprimés, accessibles à tous certes, mais que je ne m'étais jamais lassée de relire et que, de toute façon, l'auteur m'avait offert un moment bien plus intime que celui auquel prétendaient ses admirateurs réunis ce soir-là, puisqu'il l'avait déjà écrit, mon nom, le jour où il m'avait envoyé une carte, en réponse au courrier que je lui avais fait parvenir.



*Quelques mois après que j'avais acheté chez un bouquiniste un livre dont mon écriture en première page attestait que je le lui avais offert, il m'écrivit dans un mail qu'il venait d'acquérir un livre de Juan Benet qui m'avait appartenu s'il en croyait une carte sur laquelle j'avais écrit et que j'avais laissée à l'intérieur. Il ne se souvenait pas -mais je lui rappelai- que c'était lui-même qui me l'avait donné. 
La boucle était bouclée.

dimanche 10 juin 2012

L'envers du temps (1)

A ne plus écouter la radio qu'en podcast sans souci de chronologie, j'entends l'espoir dans la voix des négociateurs en sachant que leurs tentatives de conciliation ont échoué, les prévisions de la météo française d'il y a quinze jours, un chanteur évoquer les prochaines dates de sa tournée alors qu'elle est achevée depuis trois mois
...
 Aussi, ce n'est peut-être que dans trois jours que je saurai la nationalité de ceux qui ont klaxonné dans les rues vendredi soir.
(1)Je ne me rappelle pas son contexte ni qui l'a dite ni pour quelle raison, je sais simplement que la phrase est de Shakespeare et que grâce à ma mauvaise mémoire j'ai eu l'audace de la faire mienne, de la paraphraser dans ma langue et de l'inclure à plusieurs reprises dans mes romans, jamais de façon identique, peut-être, mais -disons- "avec des variations". Je crois qu'en anglais elle dit ceci : "the dark back and abyss of time". Je l'ai employée dans ma langue comme "le revers du temps, son dos noir, son retournement", je suis sûr de l'avoir formulée ainsi un jour. Ou peut-être "l'envers du temps", je ne sais plus.
Javier Marias. Le dos noir du non-advenu in Littérature et fantôme.

samedi 9 juin 2012

il dit :

C'est parce que j't'aime bien que j't'écoute

vendredi 8 juin 2012

Le cabinet des rêves 74

Lors d'une soirée à l'écart de laquelle, pourtant, je me tiens, le producteur du chanteur Caribou, très content de lui, me raconte tout ce qu'il a fait pour le succès de l'artiste. 
Je reste passive, la plus effacée possible.
Je sais que personne ne va venir m'aborder ni ne me demander quoi que ce soit et j'en suis soulagée : je ne suis pas fière d'avoir enregistré une chanson très connue, écrite par Maïwenn.

Rêve du 6 juin 2012

jeudi 7 juin 2012

Plus tard, il a plu

Après qu'elle a eu peint mes lèvres, j'aurais pu lui répondre que je me sentais avoir plus d'Allure ou que c'était une Chance d'avoir petit déjeuné au soleil. 
Au lieu de cela, je suis repartie dans un sillage sucré et Egoïste qui a donné le ton au reste de la journée.
Il a plu quelques instants mais c'était une averse rafraîchissante qui faisait du bien. Un épais nuage en provenance de l'océan s'est approché et s'est installé juste au-dessus de moi, il a lâché une douche tranquille, puis, comme s'il s'était soudain souvenu : "Ah ! C'est vrai ! J'ai des achats à faire !", il est parti précipitamment sans même se retourner. Ici, la météo suit un schéma extrêmement simple : surtout ne pas y chercher quoi que ce soit d'abstrait ou d'ambigu, ou quelque trace de métaphore ou de symbole.
Haruki Murakami. Autoportrait de l'auteur en coureur de fond.

mercredi 6 juin 2012

UN JEU D'ENFANT

LA VIE SE VIT 
DANS L'IMMÉDIAT, 
COMME UN TOUR 
DE MONTAGNES RUSSES.
Joyce Carol Oates

mardi 5 juin 2012

Tuesday self portrait (l'héroïsme)

Nous ne possédons pas un sens fiable de la vérité, notre mémoire nous trahit avant même que nous commencions à entreprendre de travailler à un autoportrait. La mémoire n'est absolument pas comme un registre tenu dans un bureau bien ordonné, un lieu où tous les documents ayant trait à tous les détails de notre vie seraient classés et conservés. Ce que nous nous vantons de nommer mémoire est submergé par le flot impétueux de notre sang, c'est un organe vivant, sujet aux mutations de tout organe; ce n'est pas une chambre froide où chaque sentiment peut garder son essence naturelle, son odeur originelle, sa forme historique primitive.
Dans ce flux compliqué auquel dans notre hâte nous donnons le nom spécieux de mémoire, les événements roulent les uns par-dessus les autres comme les cailloux dans le lit d'une rivière, se frottant les uns aux autres jusqu'à devenir méconnaissables... Chaque impression subséquente porte son ombre sur les précédentes; chaque nouveau souvenir modifie les anciens, et peut même parfois inverser leur signification. 
Cependant, bien qu'il soit exact que personne ne peut dire l'absolue vérité sur lui-même, et bien que celui qui écrit sa propre vie doive forcément traiter avec imagination ses archives mémorisées, la simple tentative d'être véridique exige une intégrité suprême de tous ceux qui écrivent leurs confessions...
L'autobiographie, précisément parce qu'elle demande non seulement la vérité, mais la vérité nue, exige de l'artiste un acte d'héroïsme singulier; car l'autobiographe doit devenir son propre traître...

Stephan Zweig. Maîtres constructeurs.

lundi 4 juin 2012

3 jours   chez  ma  mère

Dans les champs
une minuscule partie narrative
contaminée par le montage
-petits pieds lettrés
de la danseuse- au lieu
de sarcler les pommes de terre
elle déclamait Sophocle
le vin au frais dans le puits
c'est dommage qu'on n'en voie plus
ne pas le ramener vers la maison
la cave est pleine   mais dans le garage
c'est la passion occidentale

Liliane  Giraudon/Michelle Grangaud/Josée Lapeyrère/Anne Portugal
marquise vos beaux yeux

dimanche 3 juin 2012

un thé lent

ce sera là le rendez-vous là le thé lentement préparé sera ce qui dure pour que deux êtres se contemplant coulent glissent infusent se mêlent et s'unissent depuis l'origine la création jusqu'à la fin qui recommencera et nous boirons le temps perdu dans le bol si parfaitement beau de l'espace sous le prétexte d'une cérémonie
Werner Lambersy Maîtres et maisons de thé

Il est des rendez-vous qu'on aimerait
aussi longs
aussi lents
qu'un thé qui ne refroidit jamais.

samedi 2 juin 2012

il dit :

AH TIENS ! 
QUAND ON PARLE DU LOUP
IL SORT DE SON TROU !

vendredi 1 juin 2012

Le cabinet des rêves 73

Je remarque des petits fruits rouges que j'avais oublié avoir posé près de la tête de mon lit. 
En apparence, ils sont appétissants mais, en-dessous, ils sont tout moisis et je suis obligée de les jeter. 

Rêve du 17 mai 2012