mardi 31 juillet 2012

Tuesday self portrait (taille fillette)

Ma peau dit mon âge
(et ne met pas de gants)
,
pas mes vêtements
,
(taille 14 ans)
.

lundi 30 juillet 2012

ROSEAU

1. Mettez-vous debout
2. Maintenez l'équilibre sur la jambe gauche et placez la plante du pied droit contre la cuisse gauche, ou en haut de la cuisse gauche.
3. Placez les mains au niveau de la poitrine en position de prière, ou si vous arrivez à trouver l'équilibre ainsi, vous pouvez faire mieux et lever les bras en l'air, de toute façon, vous n’aurez à tenir la position que pendant quelques respirations.
4. Regardez droit devant vous.
5. Changez de pied et refaites le même exercice en mettant la plante du pied gauche sur la cuisse droite.
Améliore la concentration et l’équilibre de l’esprit
Ce que j'aimerais ajouter, c'est que les arbres me font toujours l'effet d'être des danseurs figés dans un beau geste. L'immobilité recèle un moment suspendu. A chaque instant, elle peut se mettre en mouvement, et pour cette raison, elle a quelque chose d'hypnotique. 
Robert Walser. Le territoire du crayon.

dimanche 29 juillet 2012

Le dimanche de la vie *

Il m'arrive de ne pas me souvenir.
Ainsi : que faisions-nous dans la rue, cette rue-là (1), qu'y faisions-nous le dimanche (2) car ce n'est que ce jour-là que nous les croisions, du moins aussi nombreux. 
Les autres jours, oui, je sais : le marché, les maladies du chat, les dvd le soir (3), les pizzas les jours de flemme (4), le pain les jours de malchance, quand nos réserves du Pain quotidien étaient épuisées. 
Venteuse l'hiver, lugubre les jours de pluie, trop chaude l'été, de toute façon trop fréquentée par les voitures pour qu'il soit agréable d'y marcher. 
Non, je ne me souviens pas pourquoi mais oui, nous y étions parfois le dimanche, pourtant, dans cette rue-là. Puisque nous y croisions tous ces gens qui portaient ces boîtes blanches, carrées et un peu hautes, closes par un bolduc. Ces boîtes que ma tradition familiale ne m'a donné que très rarement l'occasion d'avoir en main mais dont je sais qu'il faut les transporter avec précaution. 
Tout autant que nous n'aurions pas voulu manger les éclairs et les mille-feuilles, les tartelettes aux fruits ou les babas de la boutique dont ils sortaient, nous n'aurions pas aimé les côtelettes, les merguez du barbecue dominical vers lequel ils se hâtaient. 
Pourtant, l'espace d'un instant, nous aurions tout donné pour le déjeuner familial (5) qu'ils nous donnaient l'occasion de fantasmer. 
Le temps de rentrer, c'était passé : nous enfournions des légumes à rôtir avant de mettre à cuire un gâteau ou des muffins en prévision de l'heure du thé et nous nous installions heureusement dans les heures lentes et longues de notre dimanche après-midi.
(1) Pouvait-on dire que c'était la rue principale sous le prétexte de la présence de quelques boutiques (4 salons de coiffure, 1 loueur de dvd, 3 pharmacies, 1 entrepreneur de pompes funèbres, 1 boulangerie-pâtisserie, 1 supermarché discount, 1 fleuriste, 2 comptoirs à pizza mais aussi : 1 vétérinaire, 1 laboratoire d'analyses, sans doute 1 ou 2 cafés et autant de restaurants et la mairie, la place du marché et la bibliothèque) ? A pied, on y sentait les effluves de caramel qui s'échappaient de l'usine voisine -est-ce moi qui invente ou elle fabriquait des arômes artificiels ?-
(2) "Le bonheur, pour l'Intellectuel, eût consisté à rendre insensible la différence, inadmissible aux yeux d'une saine raison, qui sépare le dimanche des autres jours de la semaine. Cette différence le rendait triste : elle le portait à réfléchir dans un sens où sa pensée n'aimait pas aller. Il rêvait d'une vie où toutes les journées, toutes les heures se fussent ressemblé, eussent été d'une capacité, d'une étendue égales. Déjà les jours de la semaine avaient un nom : c'était gênant; ces noms donnés aux jours s'entouraient de quelque chose qui dépassait l'humain; par là s'introduisaient dans la vie des significations troubles..."
Paul Gadenne. L'Intellectuel dans le jardin.
(3) Ce n'était presque jamais moi qui sortais les rendre, ensuite, dans la nuit.
(4) Avoir testé, le soir de notre arrivée, le comptoir aux mobylettes de la chaîne trop bien connue nous avait fait opter -sans jamais en déroger- pour l'artisan où l'attente était justifiée.
(5) Tout en marchant, il nous arrivait d'énumérer ce dont nous aurions aimé sentir le fumet en arrivant : une moussaka, un osso-buco, un gigot d'agneau, une soupe de légumes, une tarte aux fraises ou à la semoule...

samedi 28 juillet 2012

il dit :

Attends !
 Je prends deux livres pour ta mère.
 Comme ça, on sera tranquilles
 et 
on pourra aller manger une glace !

vendredi 27 juillet 2012

Le cabinet des rêves 81


T. nous a réunis dans une salle basse de plafond au sous-sol.
Il nous raconte un rêve très personnel, ce qui l'émeut beaucoup et, à la fin, certains applaudissent. 
Je vais chercher un café à la machine. 
A., L. et I. y sont. Elle me disent que, ce mois-ci, il faut introduire les pièces "à la belge", c'est à dire... l'une après l'autre. 
Le distributeur, plutôt que de donner des indications sur la boisson en préparation, affiche un message "philosophique", ce qui ne semble étonner que moi. 

Rêve du 27 juillet 2012

jeudi 26 juillet 2012

Un thé en Bosnie

Je m'étais levée, j'allais partir.
Elle avait encore quelque chose à dire
mais craignait que ce soit trop long :
L'importance des prénoms 
(dans les fictions)
Je suis restée, encore un peu : 
environ une heure vingt-deux.  
 En chemin vers l'arbre, ils croisèrent une famille. C'était une de ces familles qu'on croise le samedi après-midi en forêt, avec trois enfants et une grand-mère précoce, portant sacs et glacières, un père en jogging qui tient le petit sur les épaules, une très jeune mère en escarpins conversant avec la grand-mère qui répond distraitement au nom de mamita ou de mamée, ou tout autre nom dérivé de son vrai titre, en direction d'enfants en jogging aux tempes et au crâne rasés avec juste une mèche qui leur lèche l'oeil, et qui répondent eux-mêmes à des noms prétendûment importés du fin fond de la Bretagne ou de l'Irlande ou franchement calqués sur des modèles d'automobiles, du type Gwendolin ou Twingy, et souvent un chien à poil long avec une mèche qui lui lèche l'oeil, et un puîné à casquette logotypée qui disperse en marchant des papillotes de caramels. 
Christian Oster. Le pique-nique.*

mercredi 25 juillet 2012

vie  nouvelle

Quand elle m'a demandé ce que je devenais,
je n'ai pas eu l'impression de mentir en répondant :
ce que je suis.
-Je voulais partir ces jours-ci, dit Angelo. -Pour aller où ? dit Pauline. -Entreprendre, dit Angelo. On a besoin de chercher. -Ceci ne vous suffit pas ? dit Pauline. -C'est exactement ceci que je cherche, dit Angelo. Si j'étais assuré que cet état de bonheur puisse durer ? -Il n'y a aucune raison qu'il ne dure pas, dit Pauline, ceci ne dépend que de nous. -Croyez-vous que nous y soyons pour quelque chose ? dit Angelo. -Croyez-vous que ce soir soit tellement différent de ce qu'il était hier soir ? dit Pauline. -Je sais, dit Angelo, que le monde n'est jamais différent de ce qu'on le fait.
Jean Giono. Angelo.

mardi 24 juillet 2012

Tuesday self portrait (la journée réussie)

Ce qui n'empêche pas Peter Handke d'avoir une force que j'admire : la capacité d'être seul et d'en faire quelque chose -ne pas se laisser aller à plaire à l'opinion publique, ne suivre la piste que de ce qui compte pour soi, avoir la force de retomber sur soi, et par cela, être signifiant pour les autres. Au dernier moment, j'ai mis dans mes bagages quelques essais de sa main. -Essai sur la journée réussie, Après-midi d'un écrivain, Essai sur le juke-box- Je n'ai pas pris ces livres pour les relire, mais pour me souvenir qu'ils existent. Ils sont là, silencieux et fermés, irradiants, et me rappellent que continuer a une signification, et qu'il ne faut faire que ce que l'on pense être bon pour garder sa paix intérieure et son sens de l'équilibre -ce fantôme moral fragile qui erre dans les pensées.
Stefan Hertmans. Entre villes.

lundi 23 juillet 2012

CHOSES QUE J'AI CUISINÉES EN 2001

-le 5 janvier : des boulettes de viande aux pignons.
-le 12 janvier : du poulet aux noix de cajou et au miel
-le 20 janvier : des cassolettes de poisson en croûte, une galette des rois
-le 17 février : du fromage de chèvre en feuilles de brick, un ragoût d'agneau à la turque, un flan à la banane et à la cardamone
-le 15 mars : du saumon mariné en feuilles de brick, une tarte aux prunes
-le 5 mai : du boeuf au miel et de la ratatouille
-le 7 mai : du boeuf à l'orange et au sésame, des biscuits aux raisins
-le 8 juillet : du caviar d'aubergine, des rillettes de thon, un cake aux carottes, un gâteau au chocolat
-le 13 juillet : des croustillants de saumon au gingembre
-le 25 juillet : des poivrons marinés à la feta et au miel, du poulet tandori, un gâteau à la rhubarbe
-le 7 août : une pizza verte aux courgettes, une tarte aux poires
-le 9 août : une tarte au sucre
-le 8 septembre : un gâteau aux carottes et aux courgettes, des spéculoos
-le 17 octobre : des carbonnades
-le 29 octobre : un cake aux herbes, du boeuf au curry en feuilles de brick
-le 9 novembre : une tarte aux pommes
-le 15 novembre : un couscous de boeuf marocain, une tarte aux noix
Menus du dimanche (juillet)
Déjeuners : 
Melon
Poule en daube
Jardinière
Fromage blanc à la crème
Tarte aux abricots
---------------------
Pieds de mouton poulette
Pintade rôtie
Haricots verts au beurre
Fromage de camembert
Fraises des bois, framboises et groseilles au sirop

Dîners : 
Crème de tomates
Cuisses de grenouilles Provençales
Petits pois
Salade romaine
Fromage de Gournay
Compote de prunes
------------------
Oeufs brouillés aux tomates
Foie de veau braisé
Aubergines en beignets
Salade de cresson
Fromages
Fruits rafraîchis au kirsch
Savarin. La vraie cuisine française simple et anecdotique.

dimanche 22 juillet 2012

en français dans le texte

2 fois 
il s'est retourné
ses yeux dans les miens plantés
avant de me laisser
le dépasser
son regard ne parlait 
pas français
(et je ne suis pas interprète)

samedi 21 juillet 2012

il dit :

Elle m'a dit : "Reste ici, j'en ai pour cinq minutes !"
Et t'as vu depuis quand j'suis là ?????????????????

vendredi 20 juillet 2012

Le cabinet des rêves 80

-Vous rêvez souvent ? demanda Judith. 
-Nous ne rêvons presque plus, dit John Ford. Et, si oui, alors nous oublions. Nous parlons de tout, aussi ne reste-t-il rien pour les rêves. 
Peter Handke. La courte lettre pour un long adieu
J'ai appelé un plombier parce que le boiler de ma salle de bain clignote de manière inquiétante.
Il m'annonce que, contrairement à la fois précédente, il ne va pas pouvoir me faire payer 99€ mais 1500€. 
Cependant, il n'est pas pressé de faire la réparation. 

Rêve du 16 juin 2012

jeudi 19 juillet 2012

820:92 Les écrivains

Mais comment vivent nos pensées ?
Voisines de palier dans notre tête, elles peuvent ne jamais se rencontrer, jusqu'au jour où elles se croisent dans l'escalier et nous font vivre ce qui ressemble à une révélation.

(Celle qui m'avait dit -nous avions 11 ans- "Si j'étais un garçon, je serais amoureux de toi" est mariée avec une femme)
La bibliothécaire expliquait les avantages de la classification décimale de Dewey à son assistante -avantages qui s'étendaient à tous les domaines de la vie. Elle permettait à chaque chose de trouver sa place, comme l'univers. Elle répondait aux exigences de la logique. Elle était fiable. Y recourir offrait un sentiment d'élévation morale ainsi qu'un grand contrôle de notre chaos personnel. 
"Au moindre souci, a confié la bibliothécaire, je pense à la classification Dewey. 
-Et qu'est-ce que ça fait ? a demandé l'assistante plutôt impressionnée. 
-Je m'aperçois que mon problème a simplement été mal classé. On en revient évidemment à ce qu'expliquait Jung -que les conteurs de notre inconscient en plein chaos luttent pour trouver leur place dans l'index de la conscience. 
-Qui est Jung ?
-Il est trop tôt pour vous parler de lui."
Jeanette Winterson. Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

mercredi 18 juillet 2012

10ème leçon


In het park
1- Kijk eens ! Is dat geen pracht van een vijver ? De bomen staan bijna in het water en het gras is zo schitterend groen.
2- Gaat u hier een foto maken ?
3- Neen, daar, tussen die twee bomen, met de zon in de rug.
4- Mooie foto's maken moet moeilijk zijn !
5- Wel neeen, met een goed apparat is het gemakkelijk, as er maar wat zon is.
Dans le parc
1- Regardez un peu ! N'est-ce pas une merveille d'étang ? Les arbres se trouvent presque dans l'eau et le gazon est d'un vert brillant (brillant vert).
2- Allez-vous faire une photo ici ?
3- Non, là, entre ces deux arbres, avec le soleil dans le dos.
4- Faire de belles photos doit être difficile !
5- Mais (bien) non, avec un bon appareil c'est facile, si seulement il y a un peu de soleil.
Le néerlandais sans peine. Assimil.

mardi 17 juillet 2012

Tuesday self portrait (la vie de bureau)

Mon collègue fait tailler ses costumes à Londres
 et 
porte son foulard avec une décontraction 
toute parisienne. 
L'autre jour
 il m'a révélé que son activité favorite
était de lire l'avenir dans les chiffres.

lundi 16 juillet 2012

meander



Je portais sur les objets les plus simples, par exemple des feuilles, un regard comme amoureux, non, pas vraiment, mais je leur vouais une très bienfaisante attention. 
Je voyais un chat et je songeais à une cage d'escalier pourvue d'un écriteau "Prière de s'essuyer les pieds".
Rober Walser. Le territoire du crayon.

dimanche 15 juillet 2012

m.e.r.c.i

Après l'avoir bu face au mont Fuji ou, quotidiennement, sur mon balcon, maintenant que je suis loin de Tokyo, c'est dans un train, tandis que le paysage voyage sous mes yeux, que je préfère boire mon thé oolong. 
En pur Anglais, Brandon a dit que les Américains étaient paranos. Mais en France alors. On n'a pas besoin d'avoir des armes à la maison, nous. On se méfie en permanence de tout le monde. 
Nous savons nous méfier aussi bien que râler, ce qui n'empêche pas la bonne cuisine.
Jean-Pierre Ostende. Et voraces ils couraient dans la nuit.

samedi 14 juillet 2012

La vie mode d'emploi

Si exister est inné, il n'en est pas de même pour vivre. (1)
En la matière, la formation est permanente, les écoles innombrables, les maîtres le sont parfois à leur insu. (2)

Je sais, à présent, ce que je dois aux longs et monotones allers et retours en bus dans les semaines provinciales de ma jeunesse.
Le samedi, je montais dans le train pour Paris avec la même urgence que si j'avais eu l'assurance que ma vie allait enfin y commencer.
Et, pourtant, il y régnait une autre sorte d'inertie.
Je ne participais pas aux débats mais les garçons étaient lents à se décider. Alors, toujours, nous finissions par devoir sprinter pour ne pas manquer le début de la séance. Nous arrivions devant la cage des singes une demi-heure avant la fermeture après avoir épuisé dans les embouteillages la provision de cassettes contenue par la boîte à gants. Nous devions écourter la partie de canotage avant la fin de la location pour être sûrs d'être rentrés à l'heure du dealer.

J'essayais de me conformer aux heures perdues, à la purée de haricots surgelée.
J'essayais de trouver du charme aux improvisations liées aux trousseaux de clés perdus, de l'intérêt aux histoires insipides de celui à cause de qui nous étions rentrés si tôt.
J'essayais d'écouter Jimmy Hendrix.
J'essayais de faire la grasse matinée. (3)

J'ai oublié pourquoi, comment et quand j'ai cessé d'aller rue Berzélius.
J'y ai beaucoup appris, cependant.

(1) C'est pour cela, d'ailleurs, qu'il existe des guides.
"A notre époque de technique planétaire et d'accélération progressive du rythme quotidien, il peut sembler désuet de parler encore de "Savoir-vivre", puisque -vous diront certains d'un ton narquois- l'homme moderne n'a même plus le temps de vivre.
Eh bien ! l'argument n'est pas convaincant, bien au contraire, et un savoir-vivre s'avère précisément indispensable pour alléger les tensions permanentes de notre vie sociale." Françoise Le Folcavez. A.B.C. du Savoir-vivre.

(2) Vous, oui vous aussi.  

(3) Puis j'ai pris l'habitude d'embrasser l'épaule du garçon, de le réveiller suffisamment pour lui dire que je reviendrais -plus tard- et je me jetais dans les rues de Paris que j'avais espérées toute la semaine.
Ainsi, belles furent les heures passées seule au centre Pompidou à visiter l'exposition "André Breton, la beauté convulsive"*. A mon retour, je trouvai plusieurs garçons attablés autour de tardives miettes. Mon récit fit briller dans leurs yeux l'envie qu'ils ne virent pas dans les miens. 

*De cette visite, je garde la belle édition de José Corti de L'Immaculée conception de Paul Eluard et André Breton. 
"L'amour a toujours le temps. Il a devant lui le front d'où semble venir la pensée, les yeux qu'il s'agira tout à l'heure de distraire de leur regard, la gorge dans laquelle cailleront les sons, il a les seins et le fond de la bouche. Il a devant lui les plis inguinaux, les jambes qui couraient, la vapeur qui descend de leurs voiles, il a le plaisir de la neige qui tombe devant la fenêtre. La langue dessine les lèvres, joint les yeux, dresse les seins, creuse les aisselles, ouvre la fenêtre; la bouche attire la chair de toutes ses forces, elle sombre dans un baiser errant, elle remplace la bouche qu'elle a prise, c'est le mélange du jour et de la nuit. Les bras et les cuisses de l'homme sont liés aux bras et aux cuisses de la femme, le vent se mêle à la fumée, les mains prennent l'empreinte des désirs."

vendredi 13 juillet 2012

Le cabinet des rêves 79

De l'individuation des personnages des rêves (les miens)
personnages : 
-physiquement individués mais anonymes (identification par association)
-physiquement neutres mais nommés et aussi eux-mêmes
-neutres physiquement, nommés, et pas eux (ie dépourvus de leur personne)
-narrateur/rêveur parfois dédoublé dans le temps et aussi déplacé/reconnu dans un autre personnage du rêve : c'est moi ! (souvent une jeune femme dans une cabine téléphonique).
Alix Cléo Roubaud. Journal 1979-1983
Je suis dans un centre commercial qui ressemble à un parc d'attraction désert. 
Je parle de sa couverture sociale et notre statut de résident avec H. 
Je lui dis que, pour lui qui a des enfants, c'est important. Alors que, pour moi, ça ne l'est pas. 
On va dans les toilettes d'un fast food pour se laver les mains.
A ce moment-là, H. me dit que, tout de même, il y a de quoi avoir peur, maintenant. 
Je demande pourquoi mais il ne répond pas. 
Dans les toilettes pour femmes, je ne vois que deux petites savonnettes toutes poussiéreuses avant de m'apercevoir qu'il y a aussi un distributeur de savon. 
Je me lave les mains et je pense que, même si ce lieu est écoeurant de couleurs et d'artifices, je serais peut-être capable d'y inventer une routine aussi agréable qu'ailleurs si j'y vivais. 

Rêve du 8 juillet 2012

jeudi 12 juillet 2012

kompressor

Qui nomme les voitures ???

mercredi 11 juillet 2012

Une promenade au phare

 et j'ai pensé
:
en hiver
,
les soirs où je serai là
,
il verra la lumière
,
de loin
,
quand il rentrera
Le vent souffla en provenance de je ne sais où, soulevant les feuilles à demi écloses, si bien qu'une sorte d'éclairs gris argent traversa les airs. Nous étions entre chien et loup. C'était l'instant entre chien et loup où les couleurs s'exaspèrent, où les violets et les ors enflamment, comme les battements d'un coeur impressionnable, les carreaux des fenêtres. C'était le moment où la beauté du monde, éclatante mais prête à périr montre ses deux visages : visage riant et visage d'angoisse, qui partagent également notre coeur. 
Virginia Woolf. Une chambre à soi.

mardi 10 juillet 2012

Tuesday self portrait (page 88)

Il y aurait un embrassement, on prend dans ses bras l'autre avec qui l'on dansait. L'autre, qui maintenant serait dans les bras, enlacé, sans rien laisser. Etreinte simple et évidente.
Il y aurait un baiser. 
Emmanuel Régniez. L'abc du gothique

lundi 9 juillet 2012

compatriotes 
de 
la vie


Celle avec qui je bois un thé à 8 heures et qui n'aimerait pas avoir à dire d'un de ses amis qu'il pourrait tuer quelqu'un. 

Celui qui se penche au-dessus d'une flaque pour photographier le couple de parapluies roses qui s'y est noyé. 

Celui qui dit à la caissière qu'elle est encore plus jolie qu'hier. 

Celle qui a suspendu sa journée le temps de savourer sa glace en terrasse. 

(j'ai des affinités avec ces humains)

dimanche 8 juillet 2012

En fait, les étagères qui tapissent une pièce sont quelque chose de très intime, un peu comme des empreintes digitales.*

La 
mouche 
avait 
déjà 
esquissé
 la 
moitié 
d'un 
coeur
 sur 
le 
mur 
lorsque 
je 
la 
vis 
faire 
et
 la 
chassai
.
J'avais des carnets de trois couleurs. Les BLEUS, soigneusement alignés contre le mur sud de ma chambre, étaient réservés aux "schémas de gens en train de faire des choses", à la différence des VERTS, sur le mur est, qui contenaient des croquis zoologiques, géologiques et topographiques, et des ROUGES, sur le mur ouest, que je remplissais de dessins d'insectes.
*Reif Larsen. L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet.

samedi 7 juillet 2012

il dit :

c'est pénible, les vieux vins

vendredi 6 juillet 2012

Le cabinet des rêves 78

Conclusions
Je tiens surtout à souligner le fait que j'ai trouvé dans la rue plusieurs échos de mon rêve du 30 avril, qui s'affirme comme un "grand" rêve, d'importance majeure pour ma vie éveillée.
Petr Kràl. Enquête sur des lieux
J'ai commandé un livre au Cora de Wattignies. 
Quand je vais le chercher, le vendeur me dit que, d'après lui, ce serait un bon cadeau pour un ex. 
Je suis un peu surprise et je lui dis que, en effet, je le destine à mon ex-mari. 
Pendant que j'étais au rayon livres, j'avais laissé mon caddie avec mon sac et mon écharpe au rayon des produits laitiers. 
Quand j'y retourne, je ne le vois plus et j'ai l'angoisse de me l'être fait voler jusqu'à ce que je le retrouve.
Plus tard, le livre prend la forme d'un yaourt et je ne l'offre pas de la manière que j'avais imaginée. 
Néanmoins, il fait très plaisir. 

Rêve du 10 avril 2012

jeudi 5 juillet 2012

ce que c'est que l'été

En terrasse 
S'attabler
Et
Passer commande d'une aquarelle

mercredi 4 juillet 2012

CHOSES QUE J'AI CUISINÉES EN 2000

-le 19 janvier : un gratin de poireaux et de carottes, des biscuits aux raisins.
-le 20 janvier : du poulet à l'orange et aux coeurs de céleri.
-le 22 janvier : un curry de porc à l'ananas.
-le 4 mars : une tarte au curry, une salade de chou chinois.
-le 10 mars : du poulet aux noix de cajou, du riz.
-le 31 mars : du poulet tandori, une salade verte.
-le 19 avril : du boeuf marocain au couscous, une tarte à la semoule.(1)
-le 30 avril : des légumes à la marocaine, une salade verte au gingembre, un gâteau à la rhubarbe.
-le 13 mai : des muffins, un gâteau à la banane.
-le 1er juin : du porc braisé aux abricots.
-le 3 juin : une tarte au curry, un gâteau au chocolat.
-le 23 juin : un cake aux noix et au citron, un cake aux carottes et aux courgettes, un gâteau au chocolat.

-le 25 août : une tarte à la ratatouille.
-le 26 août : un flan à la tomate. 
-le 28 août : du lapin au café, des tagliatelles, une tarte aux brugnons.
-le 3 septembre : des maquereaux aux carottes et aux pommes de terre.
-le 4 septembre : un pain au fromage et à la ciboulette, une salade de tomates.
-le 7 septembre : une tarte aux prunes et aux quatre épices.
-le 19 septembre : du poulet à la toscane, une tarte aux quetsches.
-le 15 octobre : une tarte aux pommes et aux noisettes.
-le 17 novembre : des maquereaux à la tomate et à la rhubarbe.
-le 21 novembre : des boulettes de viande aux pignons, une tarte aux pommes.

(1) "Le rôti était d'un joli brun bon enfant et débonnaire. Les petits pois et les asperges souriaient. Le vin, rouge et blanc, semblait parler en deux langues. Le dessert nous incita à la galanterie."Robert Walser. Le territoire du crayon.

mardi 3 juillet 2012

Tuesday self portrait (un point de vue strictement mathématique)

Je ne veux ni ne peux vivre de cette façon, c'est-à-dire que ma vie se réduise à cela; pareille situation n'est pas tenable et je ne suis prête en aucune façon à ce que mon avenir immédiat prenne la forme de six mois de désert, de vide et de ténèbres complets, dans le seul espoir de revoir Denys à l'automne et de connaître alors le même bonheur sans réserve, puis de me trouver ensuite rejetée dans les ténèbres et dans le désert -et ainsi de suite jusqu'à la fin de mes jours. 
Je sais bien que tu m'as dit qu'il valait la peine d'être totalement malheureux pendant un certain temps pour pouvoir ensuite être totalement heureux pendant une autre période. D'un point de vue strictement mathématique, il est possible que l'on puisse atteindre un état de parfait équilibre, par exemple, en restant pendant six heures dans un bain parfumé à écouter la musique la plus suave qui soit pour ensuite être soumis à la torture pendant les six suivantes (et ainsi de suite); mais dans la pratique, il est tout simplement impossible de vivre de la sorte parce que l'on ne peut se couper aussi radicalement que cela de son passé et de son avenir.
(...) Non, pour que je puisse vivre, de façon générale, et que je puisse connaître, et désirer continuer à connaître dans ma vie ce bonheur indescriptible qu'est mon amour pour Denys, il faut, vois-tu que je sois moi-même, que je sois quelque chose à moi seule, que j'aie, que je possède quelque chose qui soit vraiment à moi, que je fasse quelque chose qui exprime ma personnalité.
Karen Blixen. Lettre à Thomas Dinesen, le 3/4/26

lundi 2 juillet 2012

Le coeur de la nuit

Les rues renferment des mystères. 
Ce qui a nourri
la colère -les coups, les cris-
de l'homme dans la nuit

(et dans mes oreilles la cire, comme l'interrupteur du monde extérieur, 
l'amplificateur de mon coeur)

dimanche 1 juillet 2012

Habiter n'est pas uniquement manger, dormir, lire le journal, j'ai dit. Un domicile est avant tout un refuge. Il doit protéger du mauvais temps, du soleil, des gens hostiles et des animaux sauvages.* 

La gazinière est toujours immaculée, la table exempte de miettes.
Mes voisins ne mangent chez eux que le week-end.
Et toujours des corn-flakes.
Je suis allé visiter tout ce qu'on me proposait sans parvenir à me décider. Avec le temps, ça m'amusait d'aller aussi visiter des appartements qui n'entraient de toute façon pas en ligne de compte pour moi. Certains des appartements étaient encore habités et c'était fascinant de voir les différents aménagements imaginés par les gens et combien certains objets les trahissaient. C'était toujours un peu gênant d'être guidé dans la visite par les locataires précédents, de jeter un coup d'oeil dans les placards bourrés de vieilleries, de découvrir des cuisines avec de la vaisselle sale et des restes de repas dans l'évier ou des herbes séchées sur le rebord de la fenêtre. 
*Peter Stamm. Sept ans.